TERMINAL SUD

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Après Les Chants de Mandrin puis Histoire de Judas, deux films inspirés de figures du passé, le réalisateur Rabah Ameur-Zaïmeche propose avec Terminal sud, un récit plus proche de nous dans le temps. Le scénario est cependant situé à une époque contemporaine non précisément définie et localisé dans une contrée en proie à la guerre civile qui n’est pas nommée.

Dans ce pays méditerranéen où l’on entend parler arabe, la population subit au quotidien la violence de bandes armées et de forces de l’ordre qui imposent un contrôle permanent. Face à ce climat de terreur angoissant, un médecin se refuse à baisser les bras et s’efforce, vaille que vaille, de sauver des vies dans l’hôpital où il exerce.

Ramzy Bédia incarne ce docteur et Terminal sud donne l’occasion de l’apprécier dans le registre dramatique. Le comédien, qui déclare avoir été bouleversé par le scénario, endosse un rôle particulièrement éprouvant. Confronté à la violence et la mort au quotidien, son personnage résiste à sa manière en choisissant de ne pas quitter son pays.   Mais à quel prix… Comme le souligne l’acteur : « Il est loin le temps où Eric Judor et moi-même avions fait un pacte nous engageant à ne pas tourner de films sérieux… »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CAS DE CONSCIENCE (Dans ce film de Richard Brooks, un chirurgien est contraint d'opérer un dictateur d'Amérique latine pendant que sa femme est enlevée par des opposants politiques) ou encore BLED NUMBER ONE (Une autre réalisation de Rabah Ameur-Zaïmeche interprétée par Ramzy Bédia).

Terminal sud a été entièrement tourné en France. Le réalisateur a posé ses caméras aussi bien à Nîmes qu’à Istres, Grasse ou Miramas. Il a un moment pensé filmer en Algérie mais il explique qu’en fait le sujet de Terminal Sud dépasse le cadre algérien. « Il m’a paru plus intéressant de jouer sur la « double nationalité » si l’on peut dire, et au-delà... En fait il y a des repères clairement français, des repères clairement algériens, et des indices beaucoup plus généraux. Il y a un peu de western américain aussi dans ce film. Finalement, ça se passe en Françalgérique »... Mais le film ne brouille pas seulement les pistes géographiques, il invite aussi à des aller-retours dans le temps. Certaines situations font écho au passé : la période coloniale, les guerres d’indépendance comme les horreurs des années 90.

Cette volonté d’ouvrir les perspectives passe par le choix des musiques. Dans la scène suivant l’enterrement du journaliste, le cinéaste fait entendre tout d’abord une berceuse suédoise. Puis, de façon inattendue, un personnage entonne « Je crois entendre encore », un air extrait de l’opéra de Bizet Pêcheurs de perles. Terminal sud se veut en fait un signal d’alarme sans frontières. Ce qui intéresse Rabah Ameur-Zaïmeche c’est le fait que l’Etat de droit peut dégénérer. Son film décrit ce processus : « Vient le moment, dit-il, où la distinction entre militaires, policiers, terroristes et gangsters devient très floue. Ils ont tous des armes, des armes de guerre, et en outre tous utilisent l’apparence des autres groupes en certaines occasions. Résultat : un chaos et d’innombrables victimes innocentes qui, le plus souvent, ne savent même pas de qui elles ont été victimes. »

Rabah Ameur-Zaïmeche préfère jouer sur les situations et les corps plutôt que de développer des discours. D’où le choix de faire de son personnage principal un médecin dans ce contexte de société malade. Il rappelle qu’un médecin fait le serment de soigner tout le monde. Surtout, la prise en charge des patients fait intervenir les mains, le contact. « Tout passe par le sensible pas par les mots » dit-il. Et dans son travail avec Ramzy Bédia il s’est d’abord attaché à la façon dont l’acteur allait occuper l’espace, entrer dans le champ et en sortir… Enfin, les cinéphiles observateurs n’auront pas manqué de relever que la plaque près de la porte devant laquelle est abattu le beau-frère du médecin indique « le dernier maquis », qui était le titre d’un précédent film de Rabah Ameur-Zaïmeche.

Le meilleur RAZ vu à ce jour. Ramzi y est génial en rôle dramatique, et la fiction glace le sang pour deux raisons : déjà parce que pendant une grande partie du film tu es persuadé que cette dictature mêlée au terrorisme ambiant qui est filmée est l'Algérie, et puis au ...

Présenté à Locarno, Terminal Sud, thriller politique âpre et concis, marque le retour attendu d’Ameur-Zaïmeche, quatre ans après son sublime Histoire de Judas. Dans un pays où une guerre civile menace la population et ceux qui la protègent, un médecin cherche à accomplir ...