QUATRE DU TEXAS

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En 1963 Robert Aldrich est dans une drôle de phase de sa carrière. Après un détour par l'Europe, et des films inégaux, d'une production Hammer, Tout près de Satan ou un péplum biblique (Sodome et Gomorrhe) il vient tout de juste renouer avec Hollywood via Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, qu'on lui propose un drôle de western: Quatre du texas.
Si ce western est atypique c'est parce qu'il tombe au moment où le genre commence à décliner, le public s'entichant d'autres genres, et surtout d'autres vedettes. A cette époque, c'est le Rat Pack, le gang d'acteurs mené par Frank Sinatra qui est en vogue. Dean Martin, un de ses membres est déjà engagé par la Warner sur Quatre du Texas. Lui comme Aldrich voudraient qu'il ait Robert Mitchum ou James Stewart comme partenaires. Pas le studio qui leur impose Sinatra. Et fait transformer le scénario, pour intégrer à cette histoire d'escrocs qui doivent s'allier pour acquérir le butin d'une attaque de diligence, une sous-intrigue autour d'un casino flottant, lien incongru avec L'inconnu de Las Vegas, énorme succès du Rat Pack trois ans plus tôt.
Entre western et comédie nonchalante, Quatre du texas, a tout de l'alliance entre la carpe et le lapin, mais avec le recul, s'avère bien plus qu'une curiosité, un exemple du cinéma de bric et de broc qui pouvait parfois naître des studios américains dans les années 60. Un témoignage d'une époque passablement foldingue, en quelque sorte.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MISSOURI BREAKS (Un autre exemple de western avec un casting de stars (Marlon Brando, Jack Nicholson) sortant des sentiers battus.) ou encore LES CHASSEURS DE SCALPS (Un western flirtant, comme Quatre du Texas avec d'autres genres, notamment la comédie).

Si au total Quatre du Texas est un film pour le moins bancal, cela reste inespéré au su des coulisses du tournage, qui furent échevelées. A commencer par les relations plutôt tendues entre Aldrich et Sinatra.
Le réalisateur et l'acteur ne se supportaient pas, et se le rendaient bien. Aldrich a bien tenté plusieurs fois de virer Sinatra du film, mais celui-ci lui a régulièrement rappelé qu'en plus du plus gros cachet de l'équipe, il avait négocié d'être coproducteur de Quatre du Texas. Jusqu'à imposer dans le décor, un bâtiment à l'enseigne de Sam, le nom de sa société de production. Sinatra n'hésitait pas non plus à disparaître pendant le tournage, ce qui explique que son personnage soit souvent absent de la seconde partie du film.
Le reste du casting ne fut pas non plus une partie de plaisir: Bette Davis et Sophia Loren furent envisagées dans des rôles féminins. Après le tournage tout aussi haut en couleurs de Qu'est il arrivé à Baby Jane ? Davis ne voulait retravailler avec Aldrich qu'à la condition d'un cachet gigantesque qu'elle n'obtint pas. Il fut en revanche immédiatement proposé à Loren, le salaire mirobolant d'1 million de dollars. Elle refusa, par manque d'envie de quitter l'Italie, Anita Ekberg décrocha son rôle, mais pas au même prix.  Sa partenaire, Ursula Andress tapa dans l'oeil de Dean Martin, qui fit réécrire certains de leurs dialogues qui devinrent, par des doubles sens, une vraie séance de drague.
La plus étonnante incongruité de Quatre du Texas reste l'apparition des 3 Stooges, le trio de comiques, alors vieillissants, pour une scène où ils tentent d'accrocher un tableau. Une fois passée la stupeur de les voir débarquer à l'écran, il faut regarder de plus près ce tableau pour y apercevoir très furtivement, Andress et Ekberg dénudées. A la demande de Sinatra, les deux actrices avaient tournés des bouts d'essai en tenue d'Eve. Sinatra voulait les inclure au film, pour lui donner un côté sexy qui aurait pu aguicher le public. Ils n'ont jamais pu intégrer le montage, la MPAA, commission donnant les visas de censure aux films américains, y ayant mis un sérieux veto. Il n'en reste donc que cette apparition, même si l'on peut se demander quelle logique justifie d'avoir demandé aux 3 Stooges d'y participer...