LE GRAND MCLINTOCK en VOD
- De
- 1963
- 122 mn
- Guerre / Western
- Etats-Unis
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
Faux western et vraie comédie de remariage, Le Grand McLintock est un film surprenant au charme désuet. Le réalisateur Andrew V. McLaglen y délaisse les échappées à cheval dans les grands espaces pour adopter une forme proche du soap, ajustée à ses personnages hauts en couleur. D'un côté George W. McLintock, sommité locale bien portée sur la bouteille, campé par un John Wayne n'hésitant pas à écorner son image de playboy de l'Ouest. De l'autre, Katherine McLintock, épouse embourgeoisée venue réclamer la garde de leur fille, interprétée par la « reine du Technicolor » Maureen O'Hara.
Précédemment aperçus dans Rio Grande et L'Homme tranquille, les deux comédiens parodient leur image de couple glamour avec un plaisir hautement communicatif. Dans la plus pure tradition de l'humour slapstick, ils sont avant tout filmés comme des corps soumis à une violence volontairement exagérée, et donc jubilatoire. Pour ne citer qu’un exemple, une scène de bagarre générale mémorable, dans laquelle la terre boueuse devient un véritable toboggan expédiant inlassablement les deux amants dans une flaque de boue. Un festival d'acrobaties tordant dont la dimension comique est renforcée par des bruitages cartoon délicieusement kitsch.
Mais l'humour n'est pas le seul atout du Grand McLintock : à travers ses sous-intrigues, c'est toute la mythologie du western dont le film acte la fin, non sans une pointe de mélancolie. Avec ses manières bourrues, viriles, opposées à une jeunesse cultivée et vectrice de modernité, la figure de McLintock (et John Wayne avec lui) apparaît comme drapée d'une nostalgie pour l'Ouest sauvage. Dans une confidence à sa fille, il avouera même souhaiter léguer ses terres à la nation afin de préserver cette nature inviolée. Même constat du côtés des natifs, longtemps relégués à la caricature grossière, ici dépeints comme victimes de l'homme blanc colonisateur.
C'est de ce contraste entre un humour tapageur et une amertume doucement distillée que ce western tardif tire sa saveur si particulière. A l'instar des meilleures comédies, le film renferme en son cœur une mélancolie du temps qui passe, savamment illustrée par la relation qu'entretient McLintock avec son employée Devlin Warren, auquel le fils de Wayne prête ses traits. D'abord réticent à l'embaucher puis méfiant de ses intentions vis-à-vis de sa fille, il finira par lui accorder sa main, jugeant sans doute – et à raison – qu'un vieux briscard comme lui n'a plus son mot à dire face aux choix de vie de sa fille (dans la fiction) et de son fils (à la ville).