PAR INSTINCT

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Réalisatrice de courts métrages depuis 2005, c’est en 2017 que Nathalie Marchak (24 ans) signa son premier long métrage, Par instinct, s’inspirant, d’une part, d’un article évoquant le destin de femmes nigérianes bloquées en transit au Maroc avec leurs bébés et, d’autre part, du long exode de sa grand-mère juive polonaise, lorsqu’elle vint en France après s’être réfugiée en Russie pendant la guerre.

Quand Nathalie Marchak rencontra l’auteur de l’article, elle ignorait encore si elle voulait tourner un documentaire ou un film de fiction. Mais, le jour où l’une de ces femmes, prisonnières d’un réseau de prostitution, lui mit son bébé dans les bras, elle se mit à imaginer ce que pourrait être la réaction d’une européenne de 40 ans ne pouvant avoir d’enfant.  

Très tôt, c’est à Alexandra Lamy que la réalisatrice pensa pour le rôle de cette avocate débarquant à Tanger pour affaires, victime d’une fausse couche et soudain confrontée à une adolescente nigériane voulant lui confier son bébé. Dans le rôle de cette jeune femme confrontée au trafic d’êtres humains et à la prostitution, Nathalie Marchak choisit de faire confiance à une débutante, Sonja Wanda, mannequin soudanaise, obligée de fuir son pays à l’âge de huit ans pour se réfugier en Norvège avec sa mère. « Nathalie a su en faire une vraie actrice », devait déclarer Alexandra Lamy après le tournage.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES CHEVALIERS BLANCS (2015) (Au Tchad, une organisation humanitaire récupère des orphelins en vue de les faire adopter par des couples occidentaux stériles.) ou encore L’HOMME QUI RÉPARE LES FEMMES (2016) (Documentaire consacré au Dr Mukwege, gynécologue en République Démocratique du Congo venant au secours de femmes violées et volontairement mutilées.).

Parallèlement à des études de droit, la réalisatrice du film que vous venez de voir, Nathalie Marchak, avait suivi pendant trois ans des cours d’art dramatique. En 2004, à l’occasion d’essais sauvages, Claude Lelouch la découvre et lui confie un petit rôle dans les Parisiens. Un an plus tard, elle apparaît dans les Poupées Russes de Cédric Klapisch, qui l’encourage à partir étudier la réalisation à la New York University, dont il est, lui-même, diplômé. Une fois diplômée à son tour, et après un passage par Harvard, elle revient en France et se consacre à l’écriture et à la réalisation de plusieurs courts métrages puis d’un long  intitulé « Mirages », bientôt rebaptisé : Par Instinct.

Même si l’Express, bienveillant, annonça que « les premiers films supposent une certaine clémence », le premier long métrage de Nathalie Marchak ne fut pas accueilli très chaleureusement pas la presse parisienne. « On ne croit pas une seule minute à cette histoire sociéto-romanesque », lance le Journal du dimanche, suivi de près par l’Obs qui estime « impossible de se passionner pour ces péripéties un peu balourdes ». En revanche, le duo Alexandra Lamy/Sonja Wanda fait l’unanimité : « Alexandra Lamy se révèle convaincante, tout comme la débutante Sonja Wanda », l’Express ; « L’ex-mannequin Sonja Wanda est crédible en jeune proie d’un nouvel esclavagisme », Télérama ; « Alexandra Lamy contribue beaucoup à la réussite de l’ensemble », le Figaro magazine, etc, etc.

Face à ces deux comédiennes, Nathalie Marchak confia le rôle d’Oscar, le médecin de l’organisation humanitaire, à Brontis Jodorowsky, acteur né au Mexique et fils aîné du cinéaste Alejandro Jodorowsky. C’est à l’âge de 7 ans – et en permanence nu comme un ver –, qu’il avait fait ses débuts à l’écran dans El Topo, un western baroque, métaphysique et violent interprété et réalisé par son père en 1970. Installé en France depuis 1979, il y entama une nouvelle carrière d’acteur, au théâtre, notamment en compagnie d’Ariane Mnouchkine, Irina Brook, Jorge Lavelli et, au cinéma où, souvent dirigé par son père, on le retrouvera, également, dans le rôle d’Alexandre Tchekhov, le frère du célèbre écrivain russe, dans Anton Tchékhov 1890 de René Féret en 2015 et, en 2018, dans le rôle de Nicolas Flamel, découvreur de la Pierre philosophale, dans le deuxième volet des Animaux fantastiques, de David Yates.

Quelle réussite ! Entraîné par les rebondissements, suspendu au destin de ce bébé, c'est en même temps un film d'action, avec de superbes scènes dans les rues de Tanger, une réflexion sociale, des portraits très émouvants, et tant de choses encore ! Allez le voir ! ...