MIRACLE

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Premier long-métrage de fiction pour la réalisatrice lituanienne Eglè Vertelytè, Miracle est une co-production partagée entre la Lituanie, la Bulgarie et la Pologne qui traite du principal fait commun entre ces trois pays : ils sont tous passés du temps de l’URSS sous la coupe du communisme. Situé peu après la chute du régime, le film montre une femme forcée de s’adapter à une situation inédite, plus instable que la précédente, qui lui offrait tout ce qu’un(e) bon(ne) camarade pouvait espérer du bloc de l’Est : passe-droits pour des logements, des services publics ou encore des garanties de revenus stables et pérennes... Un système économique en chassant l’autre, c’est le capitalisme qui vient à sa rencontre en la personne d’un mystérieux américano-lituanien, portrait craché de Donald Trump.  

Déjà réalisatrice d’un documentaire sur la Mongolie en 2011 (Ub Lama), Eglè Vertelytè, qui travaillait depuis 2008 sur le scénario de Miracle, a repris l’idée d’un individu à la croisée des chemins dans son parcours. Là où dans Ub Lama, il s’agissait d’une jeune enfant attiré par la modernité via le hip-hop et les ordinateurs alors qu’il se destinait à devenir moine bouddhiste, Irena, le personnage principal de Miracle, encore accroché aux reliquats du communisme, refuse de composer avec son époque. Qu’elle le veuille ou non, le monde occidental libéral va lui tendre les bras, et ce dans tous les sens du terme. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE HAVRE (Parce que le Finlandais Aki Kaurismaki n'a pas son pareil pour aborder avec humour et tendresse des sujets de société (ici les sans-papiers). Un comique distancié typique du cinéma nordique et que l'on retrouve dans "Miracle".) ou encore PETIT PAYSAN (Parce que le réalisateur (lui-même fils de paysan) décrit avec précision la lutte pour la survie d'une petite exploitation agricole.).

Faire table rase du passé, c’est la situation dans laquelle se sont retrouvés tous les pays d’Europe de l’est à la mort du régime soviétique. Miracle n’est pas un titre choisi par Eglè Vertelytè pour caractériser seulement la soudaine arrivée des billets verts sur le sol lituanien où se déroule son film, mais aussi pour désigner de manière satirique ces entrepreneurs qui avec leurs capitaux étaient très, trop vite considérés comme les prophètes de leur temps parmi des populations déboussolées, et ce à tort.  

Superficiellement proche du cinéma de Michael Haneke dans son apparence, Miracle se rapproche bien plus en réalité du travail d’Aki Kaurismäki : cadrages, photographie à l’esthétique vintage (menée par le bulgare Emil Christov), et surtout affection pour ses personnages, que Eglè Vertelytè ne maltraitre jamais. A l’instar du réalisateur finlandais, son étude des maladresses amoureuses souligne la solitude de chacun à l’époque contemporaine : coincée entre un mari alcoolique et un philanthrope charmeur, Irena ose à peine rêver d’un avenir meilleur, tant la vie ne lui aura pas fait de cadeau… Sauf à la toute fin, en point d’orgue d’un véritable “Miracle”.