LES YEUX JAUNES DES CROCODILES

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Difficile de tourner un film incognito. En 2007 Claude Lelouch a d’ailleurs échoué à faire croire que Roman de gare était l’œuvre d’un autre. En littérature c’est plus facile de rester dans l’ombre. Après Patrick Bouchitey et Marc Fitoussi, qui ont imaginé l’un et l’autre un romancier frustré volant l’œuvre d’un autre, c’est au tour de Cécile Telerman de mettre en scène deux sœurs dont l’une écrit un roman à succès, pendant que l’autre glane toute la gloire.

Le film est adapté d’un roman, il n’est pas absurde que l’écriture soit au cœur de l’intrigue. Mais au-delà c’est bien de la relation de deux sœurs qu’il s’agit, avec tout ce que cela suppose de frustrations, de malentendus, de jalousies accumulés au fil des ans.

Les deux sœurs sont incarnées par Julie Depardieu et Emmanuelle Béart. L’eau et le feu. Mais le reste du casting est aussi brillant, qui réunit Patrick Bruel, plutôt sobre, Jacques Weber, haut en couleurs, et Samuel Le Bihan, qui incarne avec assurance un Crocodile Dundee tricolore.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIE D'ARTISTE (Parce'un homme signe le livre écrit par un autre, à son insu.) ou encore INTÉRIEURS (Autre portrait de soeurs très différentes, à travers leurs rapports et ceux qu'elles ont avec leurs parents.).

Le scénario des Yeux jaunes des crocodiles est adapté d’un roman à succès de Katherine Pancol, une femme de plume s’il en est. D’abord journaliste, se régalant à interviewer Reagan et Chirac, Johnny H. et Louise Brooks, son imaginaire la titille. Elle se tourne vers la fiction. Son premier roman date de 1979. Depuis lors elle a noirci bien des pages et vendu des millions de livres. Avec Marc Lévy et Bernard Werber, elle est même championne des ventes en France. Curieusement le film de Cécile Telerman est la toute première adaptation de son œuvre au cinéma. La romancière n’a pas demandé de droit de regard sur l’écriture du scénario. Mais… Mais la coscénariste du film, Charlotte de Champfleury n’est autre que sa propre fille !

Ce qui n’ôte rien à la qualité du travail effectué par la réalisatrice, Cécile Telerman. Une cinéaste belge qui, après avoir travaillé au CNC, dans la distribution, puis chez un producteur est passée naturellement à la mise en scène. Les Yeux jaunes des crocodiles est son troisième opus, après Tout pour plaire et Quelque chose à te dire, les deux films ayant Mathilde Seigner à l’affiche. Les trois œuvres ont en commun d’être des comédies douces-amères qui caressent le public populaire dans le sens du poil.

Ces crocodiles n’en sont pas moins une œuvre de commande. C’est en effet le producteur Manuel Munz qui le premier tombe amoureux du roman et cherche à monter le projet d’une adaptation, qu’il propose finalement à Cécile Telerman. Pour qui est un peu attentif, la cinéaste n’est pas la seule de sa catégorie présente au générique du film puisque Gabor Minar, comédien de son état est interprété par Radu Mihaileanu, qui n’est autre que le talentueux signataire de Train de vie ou du Concert. Ajoutons avant de se séparer que Munz est  également en possession des droits des deux autres volets de la trilogie de Pancol, La Valse lente des tortues et Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi. Un programme animalier et prometteur…

J'ai vu la bande-annonce de cette adaptation très au hasard. J'étais un peu déçue du choix des actrices féminines pour les deux personnages féminins principaux. Pour Bruel je savais et je me disais pourquoi pas. L'actrice qui incarne Shirley, ok aussi. Pour Béart, moins ...

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