LES SORCIÈRES

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Comme le faisait remarquer un critique, Les sorcières est un film pour enfants qui fait particulièrement peur , pas seulement parce que les enfants y sont transformés en souris, mais parce que l’une de ces souris se fait couper la queue !  On ne s’étonne pas de cette noirceur lorsqu’on sait que le film est adapté d’un livre de Roald Dahl,  un auteur qui excelle à inventer des univers fabuleux inquiétants comme Willy Wonka et la chocolaterie, ou James et la pêche géante. A chaque fois, il y a une leçon à tirer. Ici, chacun apprend à démasquer les manipulateurs qui cherchent à vous rabaisser en vous faisant croire que vous êtes aussi insignifiant qu’une souris.  Le réalisateur Nicolas Roeg semble s’être éloigné un peu de son univers habituellement très adulte en adaptant cette histoire, mais on retrouve la noirceur et l’inquiétude qui habitent ses autres films. Anjelica Huston  justifie à elle seule la vision du film, pour son interprétation de la sorcière en chef . En talons aiguille, jupe ajustée et coiffure à frange, elle a tous les attributs d’une dominatrice qu’elle incarne avec une énergie monstrueuse.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MAGICIEN D'OZ ou encore LES SORCIÈRES D'EASTWICK .

Nicolas Roeg est un cas exemplaire de cinéaste victime de sa propre exigence artistique . Il s’est d’abord fait remarquer comme chef opérateur en éclairant les films de David Lean, de Roger Corman, ou même de François Truffaut, avant de s’imposer en 1968 comme un cinéaste de premier plan avec Performance,  un polar psychédélique où Mick Jagger affrontait James Fox. Il a poursuivi avec des films tout aussi ambitieux comme Ne vous retournez pas ou L’homme qui venait d’ailleurs.  A partir du moment où il s’est marié avec l’actrice Theresa Russell, son étoile a décliné, et la plupart de ses films ont été ignorés, certains d’entre eux n’ont même pas été distribués. C’est dommage parce qu’il a toujours mis un style très sûr au service d’une thématique cohérente qui associe la sensualité avec la tragédie. On en trouve des traces dans Les sorcières, avec sa façon d’utiliser l’imagerie SM pour accentuer le rapport de domination qui s’instaure entre la toute puissante sorcière jouée par Anjelica Huston et les petits garçons soumis qui attendent leur punition.
Visuellement, le film doit beaucoup au marionnettiste Jim Henson, qui  a supervisé les effets. Les souris sont jouées par des rats, et le sorcières par des hommes habillés en femmes.
Avant d’être distribué, le film est resté un an sur une étagère avant que le studio ne décide de lui ajouter une fin heureuse très artificielle. Roald Dahl, qui suivait de très près l’adaptation de ses livres en était très mécontent. Il avait déjà manifesté son mécontentement à la vision de la première version de Charlie et la chocolaterie.