LES INNOCENTES

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Le quatorzième long métrage d’Anne Fontaine, réalisatrice de Nettoyage à sec, Entre ses mains et Perfect Mothers, est seulement le deuxième qui s’inscrit dans le genre du film d’époque après Coco avant Chanel, en 2008. Mais si, ici, elle s’inspire aussi d’une histoire vraie, on est loin du biopic, dans un drame historique, un constat terrifiant des horreurs commises pendant la deuxième guerre mondiale.

Le récit s’inspire d’une histoire vécue par Madeleine Pauliac, femme médecin et résistante, lors d’une mission en Pologne ; c’est son neveu Philippe Maynial qui a écrit le sujet originel d’après les souvenirs de sa tante décédée peu après les faits en 1946. Le script a ensuite été repris par plusieurs scénaristes et adapté et dialogué par Pascal Bonitzer et Anne Fontaine. La fiction s’éloigne de la réalité notamment en faisant du personnage central, rebaptisé Mathilde, une jeune interne de la Croix Rouge, communiste et athée, afin de ne pas expliquer sa volonté d’aider les nonnes par un quelconque attachement à la religion.

La jeune Lou de Laâge, découverte dans Jappeloup et remarquable dans Respire de Mélanie Laurent, trouve ici son premier rôle adulte. Elle incarne Mathilde avec toute la fougue de sa jeunesse et une belle maturité dont on comprend qu’elle lui vient de la violence de ce que le personnage a traversé en exerçant son métier. Le médecin juif, incarné par Vincent Macaigne est inventé, il apporte un contrepoint intéressant sur le rapport au massacre des juifs et d’une partie de sa propre famille perpétré par les nazis.
Parmi les visages des nonnes on retient deux immenses comédiennes, Agata Buzek (Crazy Joe) endosse le rôle de Sœur Maria, qui parle français et accompagne Mathilde au sein du couvent, et Agata Kulesza (la tante dans Ida) qui personnifie la très rigide mère supérieure.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SUZANNE SIMONIN, LA RELIGIEUSE DE DIDEROT DE JACQUES RIVETTE (1966) (Une plongée dans le huis clos des couvents...) ou encore TO BE OR NOT TO BE (JEUX DANGEREUX) DE ERNST LUBITSCH (1942) (Situé en Pologne durant la deuxième guerre mondiale, comme Les Innocentes, le film de Lubitsch se positionne, à l’inverse, résolument sur le versant de la comédie.).

Les Innocentes, bien que situé en décembre 1945 à la fin de la deuxième guerre mondiale, résonne très fort pour tous les conflits contemporains de par le monde : les femmes et les enfants, sont aujourd’hui encore les victimes des envahisseurs qui les violent et les saccagent au nom d’un dieu ou d’un droit, en prônant la raison du plus fort.

Le film d’Anne Fontaine, au delà de sa justesse de ton et de sa beauté plastique est donc un témoignage nécessaire, une œuvre d’art qui en appelle au devoir de mémoire et à la conscience actuelle d’une barbarie toujours en cours. C’est aussi, bien entendu, un film qui questionne la foi, sous toutes ses formes, car le terrifiant traumatisme traversé par les nonnes dans le secret de leur couvent, les enfants à naître de ces viols alors qu’elles avaient épousé Dieu et fait vœu de chasteté, sont autant de séismes remettant forcément en cause le dessein divin. Comment concilier sa foi avec cette horreur, c'est toute la question.

Sorti en février 2016 sur les écrans français Les Innocentes fait bizarrement écho à un autre long métrage, américain celui-là, distribué quelques semaines plus tôt dans les cinémas hexagonaux : Spotlight de Tom McCarthy. Il raconte l’enquête minutieuse menée en 2002 par des journalistes de Boston pour mettre au jour les infamies commises sur des enfants par des prêtres lors des décennies précédentes. Primé aux Oscars, ce film remet en perspective la foi au sens large, c’est à dire la croyance en la justice, en la vérité, en l’humanité. Et quand le cinéma se fait spectacle pour dire des choses aussi essentielles il accomplit, grandement, ce qu’on peut appeler sa vocation.

Les Innocentes est un très bon film. Ce drame tiré de faits réels est à la fois dur mais beau, assez prenant et touchant. L’histoire nous emmène en Pologne en décembre 1945 où Mathilde, médecin de la Croix-Rouge vient en aide à des nonnes, qui ont été violées par ...

En 1945 un jour en Pologne, une nonne d'un couvent voisin vient demander de l'aide à un médecin de la Croix rouge ce sera Mathilde Beaulieu. La jeune femme finit par la suivre en secret et découvre que l'une des soeurs est sur le point d'accoucher. Et d’autres nonnes sont ...

La réalité est parfois tellement horrible, atroce, incroyable, et l’être humain capable de telles horreurs indicibles, particulièrement en temps de guerre, qu’il suffit presque de la cueillir et de s’en inspirer pour écrire un scénario. Nul besoin d’imaginer des histoires, ...