LES FILLES DU SOLEIL

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« Ils nous violent, nous les tuons ». C’est le cri de ralliement des femmes Yezidies qui ont fini par prendre les armes pour lutter contre les soldats de Daech. Eux avaient tué leur mari et leurs fils, avant de les réduire en esclavage. Ces femmes, abusées et vendues parfois des dizaines de fois, ont décidé de prendre leur destin en main. 

Devenues de redoutables combattantes, elles terrorisent désormais leurs agresseurs, persuadés que s’ils meurent de la main d’une femme ils n’iront pas au paradis. Et vu ce qu’elles ont subi, elles auraient tort de se gêner. Mais, la vengeance n’est pas leur quête. C’est pour conquérir leur dignité et leur liberté qu’elles se sont organisées.

Dans la réalité, Les filles du soleil n’ont pas combattu. Mais, d’autres bataillons de la guérilla kurde, entièrement composés d’anciennes captives, ont vraiment participé à la reprise de villes détenues par Daech. Et leur action a souvent été déterminante. C’est leur histoire qu’a choisi de raconter Eva Husson en signant un vrai film de guerre, documenté et inspiré.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES FEMMES DE L'OMBRE (parce que la guerre n'est pas qu'une question d'hommes et que tout temps, même pendant la seconde guerre mondiale, les femmes se sont organisées pour défendre leurs valeurs) ou encore TERRE DE ROSES (Sous la forme d'un documentaire, la réalisatrice Zayne Akyol suit au quotidien un bataillon de femmes kurdes en lutte contre Daech.).

Pour être fidèle aux parcours de ces femmes et raconter la guerre telle qu’elles l’ont vécue, Eva Husson a d’abord enquêté. Elle est partie au Kurdistan, au front et dans les camps à la rencontre de ces combattantes. C’était en février 2016, au moment même où le conflit reprenait. Là-bas, elle a vécu comme une reporter de guerre : avec un fixer et sans la protection d’une ONG. Sur place, elle a rencontré ces captives qui lui ont raconté les horreurs qu’elles avaient subies, la manière dont elles avaient réussi à s’enfuir, l’aide qu’elles avaient parfois reçue pour être exfiltrées et la nécessité pour elles de se battre. Un parcours d’autant plus exemplaire qu’aucune n’était militaire, mais plutôt, comme Bahar, son héroïne, avocate.

Pour raconter leur histoire, Eva Husson a choisi un parti pris qu’on lui a parfois reproché. D’abord, elle ne donne aucun repère ni de date, ni de lieu. « Pour éviter qu’on invalide mes choix, dit-elle. Ensuite, elle s’inspire de personnages qui ont existé et les fait se côtoyer dans des temporalités inexactes. La reporter de guerre qu’interprète Emmanuelle Bercot est largement inspirée d’une journaliste américaine, Marie Colvin, tuée en Syrie en 2012. C’est à dire bien avant ce conflit-là. De même Bahar, son héroïne principale interprétée avec intensité par l’actrice d’origine iranienne Golshifteh Farahani, est un composite bâti à partir de tous les témoignages recueillis au front. « Tout est vrai dans ce film, souligne Eva Husson en reconnaissant qu’elle a minoré les horreurs pour rester crédible et qu’elle n’a évidemment pas tournée en Irak mais en Géorgie.

Bien plus qu’une réalité documentaire, ce film retenu en compétition au Festival de Cannes 2018, avait l’ambition de traiter du cheminement émotionnel de ses femmes que des circonstances exceptionnelles ont amené à se dépasser. En une sorte d’hommage et de manière à ce qu’on ne les oublie jamais. 

Au plus près du combat, en immersion totale, rarement la guerre nous a semblé si proche. Les balles sifflent près de nous, les cris d'espoir nous font prendre une grande inspiration et le tout à la hauteur du reporter. Portée par une soif de vérité, d'un engagement en tant ...

Quelques minutes après la sortie de la salle du festival de Cannes, on reprend son souffle et on se remet de cette claque visuelle et émotionnelle. Les filles du soleil est un film puissant et tragique, traitant d'un groupe de femmes combattantes contre le régime de l'EI. Dramatique, ...

Je trouve que cette phrase, à défaut de résumer le film, est un des sursauts de clairvoyance de la protagoniste journaliste principale. Ainsi, on présume que Les Filles du Soleil n'est pas là pour un travail informatif, mais pour clamer la grandeur de la liberté à qui veut ...