LE PRINCIPAL

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La méritocratie est depuis quelques années, une véritable question de société. Surtout dans une France désormais partagée entre générations « de souche » et celles issues de l'immigration mais aussi dans des écarts de plus en plus marqués entre précaires et nantis.

Sabri Lahlali a gravi les échelons, est un pur exemple de transfuge de classe, quand celui qui a grandi dans une cité HLM est devenu respecté principal d'un collège. Ayant bâti sa carrière sur l'ambition de s'en sortir, il projette les mêmes traits sur son fils. Mais lorsque celui-ci est menacé de rater le brevet des collèges, Sabri va transiger avec les règles qu'il s'était imposé...

Le principal conforte Chad Chenouga comme un réalisateur maniant le romanesque littéraire et la tension. Les turpitudes morales de Sabri épousent rapidement les contours d'un thriller comme d'un piège mental, autour de ce principal fissurant les piliers d'une rectitude sur laquelle il a construit son ascension. Chenouga abordant la question du déterminisme social avec la puissance d'un mélodrame contemporain.

Une force amplifiée par le choix d'un Roschdy Zem, qui a connu à ses débuts ce poids, avant de devenir l'un des acteurs français les plus respectés.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA GÉNÉRALE (Un documentaire qui suit le combat d'une professeur de seconde faisant son possible pour que ses élèves de banlieue accèdent aux mêmes savoirs et droits que ceux parisiens.) ou encore PARASITE (Même aux antipodes géographiques du Principal, le film de Bong Joon-Ho traite lui aussi du mensonge et des inégalités sociales.).

Le cinéma de Chad Chenouga est marqué par la question du mensonge. Après 17 rue Bleue, inspiré autant par l'histoire de sa mère, femme infidèle dans l'Algérie des années 60, devant cacher qu'elle avait un amant, ce motif revient dans Le principal, sur fond de trahisons d'idéaux pour mieux pouvoir protéger sa progéniture. Même si basée sur un cas authentique, la source du Principal reste essentiellement les propres questionnements du réalisateur sur les discours autour du renouvellement des élites ou de l'intégration, Chenouga n'ayant pas pour autant voulu en faire le sujet principal de son film, mais une toile de fonds, au profit d'une réflexion sur le système éducatif face à la mixité sociale et plus encore du chemin intime que va devoir faire Sabri Lahlali face à des convictions remises en cause.

Chenouga a écrit ce personnage pour Roschdy Zem, estimant qu'en plus d'un parcours personnel et familial lié aux thèmes abordés par Le principal, il était l'un des rares à pouvoir lui amener la complexité nécessaire pour que son film trouve son épaisseur, incarne toutes les nuances du syndrome de l'imposteur quand celui-ci apporte une réussite professionnelle aux limites du rôle de protecteur d'un père pour ses enfants ou à la difficulté de résoudre un conflit de loyauté envers soi-même.

Pour s'attaquer à ses sujets denses, Chenouga s'appuie sur des références littéraires, citées concrètement dans Le principal, notamment dans les conversations entre Lahali et la chef d'établissement. Quand lui l'invite à lire Martin Eden, le classique de Jack London sur un marin qui intègre la bourgesoisie, elle lui suggère L'homme dé, de Luke Rheinardt, où un psychiatre remet son destin en jeu au gré de lancés de dés. Des romans que Chenouga a lui-même lu, devenus parmi ses livres de chevet, dont il estime qu'ils ont contribué à s'élever contre ce que lui réservait ce foutu déterminisme social...

Le Principal nous apporte la preuve -en admettant que celle-ci soit encore nécessaire- que l’intérêt d'un film ne réside pas toujours dans son scénario ou son histoire. Car ici l'intrigue a proprement parler ne démarre vraiment que passé la moitié du temps de visionnage ...

Pour son troisième long-métrage de fiction, le réalisateur, acteur et scénariste Chad Chenouga nous propose un film fort, multi-facettes, autour d'un personnage complexe et torturé, inspiré d'une histoire vraie de tricherie aux examens qui lui est racontée par des ...

Dans le cinéma de Chad Chenouga, la question de la filiation est toujours abordée de façon sensible. Le Principal nous entraîne dans un questionnement qui se prolonge au-delà du film : jusqu'où doit-on aider sa progéniture pour qu'elle réussisse (même si dans ce ...