LE JEUNE AHMED

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11e long métrage de fiction des frères Dardenne depuis leur premier film de cinéma Fasch en 1987, Le jeune Ahmed reste dans la lignée de leur cinéma sociétal sur fond de comédie humaine. On y suit, dans la Belgique contemporaine, les pérégrinations intérieures d’un adolescent un peu paumé et totalement partagé entre les idéaux de pureté de son imam et les appels de la vie.

Tout comme dans leurs premiers films comme Rosetta ou La Promesse, les Dardenne collent, d’une façon littéralement épurée, l’objectif de leur caméra à l’épaule sur les comportements indécis d’un gosse immature et fanatique, par ailleurs formidablement interprété par l’inconnu Idir Ben Addi dont le jeu instinctif n’est pas sans rappeler celui de Jérémie Rénier et Emilie Dequenne, tous deux découverts par les Dardenne et devenus depuis indispensables au cinéma français. 

Un drame humain qui, sans l’ombre d’un effet appuyé, ni pathos exagéré, et sans le moindre soupçon de leçon de morale, pose les questions qu’il faut sur les thèmes de l’intégrisme et de l’intégration.  L’absence d’artifice reposant finalement sur le jeu impliqué de son jeune acteur qui fait passer toutes les émotions.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ROSETTA (Sous l'égide des frères Dardenne, le beau portrait d'une jeune femme qui part en guerre pour s'inscrire dans une société de plus en plus difficile. Le film qui révéla Emilie Dequenne.) ou encore MADE IN FRANCE (Un thriller sociétal haletant sur la radicalisation de jeunes banlieusards par Nicolas Boukrief, le metteur en scène du "Convoyeur".).

Présenté en compétition au 72e festival de Cannes en 2019, Le jeune Ahmed était en lice pour recevoir une éventuelle 3e Palme d’or pour les Dardenne, qui l’avaient déjà remportée à deux reprises. La première fois en 1999 pour Rosetta et la deuxième fois en 2005 pour l’Enfant. Les Dardenne font donc partie du cercle très restreint des huit réalisateurs ayant remporté deux fois la récompense suprême. Les sept autres étant le suédois Alf Sjöberg, l’américain Francis Ford Coppola, le japonais Shoei Imamura, le danois Bille August, le serbe Emir Kusturica et l’autrichien Michael Haneke.

En plus d’être réalisateurs les frères Dardenne sont aussi producteurs ou coproducteurs. De certains de leurs propres films mais aussi d’une cinquantaine d’autres comme L’exercice de l’état de Pierre Schoeller, Le couperet de Costa-Gavras et De Rouille et d’os de Jacques Audiard.

Outre les frères Dardenne, il existe d’autres metteurs en scène /frangins qui tournent leurs films ensemble. Citons pour mémoire Peter et Bobby Farelly, as de la comédie dégénérée, Anthony et Joe Russo spécialisés dans blockbusters Marvel avec deux Captain America dans leur besace, Albert et Allen Hugues réalisateurs de Menace to Society qui a su réinventer la blaxploitation, Joel et Ethan Coen, probablement les plus célèbres frères de cinéma habitués, comme les Dardenne, au festival de Cannes. Sans oublier Larry et Andy Wachowski qui, après mis en boite trois Matrix, ont tous deux changés de sexe pour devenir femmes, donc sœurs et, par là même, réalisatrices. Et, bien sûr, les frères Lumière sans qui cette notule n’existerait pas ! 

LE JEUNE AHMED (15,5) (Luc et Jean-Pierre Dardenne, BEL, 2019, 84min) : Ce percutant et sobre portrait dépeint le destin d'un adolescent brillant à l'école en rupture avec le cocon familial qui se cherche et s'abreuve de manière radicale dans sa religion musulmane, pour trouver ...

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