LA TORTUE ROUGE

en VOD

Deux courts-métrages ont suffi au réalisateur belge Michael Dudok de Wit pour devenir une référence dans le monde de l’animation. En 1996, avec Le moine et le poisson, il rafle un César et est nommé à l’Oscar.

En 2001, son film Père et fille remporte l’Oscar et son talent attire tous les regards. Notamment celui de Isao Takahata, grand amateur de culture française. Le réalisateur japonais du Tombeau des Lucioles et de Mes voisins les Yamada, lui propose de distribuer son film au Japon et l’invite à venir y produire son premier long métrage.

A l’époque, Michael Dudok de Wit n’avait même envisagé de réaliser un film long. Mais la proposition est tellement attrayante ! C’est même la première fois qu’un occidental est invité à travailler pour le mythique Studio Ghibli que Takahata a créé avec Miyazaki. C’est là que sont nés Mon voisin Totoro, Kiki la petite sorcière, Pompoko, Le voyage de Chihiro, Le Vent se lève ou La colline aux coquelicots...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PONYO SUR LA FALAISE D’HAYAO MIYAZAKI (La rencontre d’un petit garçon solitaire et d’une petite fille poisson rouge va aussi déterminer du sort de l’humanité) ou encore LE GARÇON ET LE MONDE D’ALE ABREU (un dessin animé quasi muet, à l’univers graphique extraordinaire, porté par une chaleureuse musique brésilienne raconte la découverte du monde par un petit aventurier).

Michael Dudok de Wit pense à l’histoire d’un homme sur une île déserte. Pour s’en convaincre, il part aux Seychelles, y fait des milliers de photos et commence à écrire un scénario. L’écriture prend du temps et lui joue des tours. De son propre aveu, ce script est beaucoup trop détaillé, trop long et son récit bloqué par des nœuds narratifs. Son producteur français lui suggère de faire appel à Pascale Ferran qui, à l’époque, bute sur la réalisation de son film fantastique : Bird People. La collaboration s’avèrera fructueuse. Elle offre une nouvelle fluidité au récit de ce conte philosophique, renforce les personnages et donne une dimension plus universelle à cette aventure de la vie humaine, racontée à travers la rencontre d’un naufragé et d’une tortue rouge.

Le scénario écrit – il a quand même fallu six ans – le film part en fabrication à Angoulême dans les studios de Prima Linea. Plusieurs techniques sont utilisées et mélangées : l’animation au crayon numérique, des dessins au fusain sur papier traditionnel ainsi que la numérisation de la gestuelle humaine, à partir des mouvements de comédiens. Tout cela pour un rendu à la fois réaliste et artisanal qui joue des textures, des lumières dans un style très épuré. Le résultat est stupéfiant de beauté et de délicatesse. La splendeur de l’animation permet de raconter cette histoire éternelle du cycle de l’existence, sans qu’aucune parole ne soit jamais échangée. En revanche, la force des éléments et de la vie est magnifiée par ces dessins épurés aux couleurs et aux lumières changeantes.

Et puisqu’il n’y a pas de dialogue, une attention particulière a été portée à la musique. Puissante, la composition a été confiée à Laurent Perez Del Mar, réputé pour son travail sur les films d’animation que sont Zarafa, Loulou, l’incroyable secret ou encore Pourquoi je n’ai (pas) mangé mon père. Conte existentiel ambitieux, la Tortue rouge a peut-être mis dix ans à sortir des flots de l’animation, mais bien lui en a pris. Le film a été sélectionné au Festival de Cannes 2016 et est reparti avec le prix spécial du jury Un certain regard. Une récompense amplement méritée.

En coopération avec le Studio Ghibli, Michaël Dudok De Wit nous livre un superbe film d'animation métaphorique et symbolique dans lequel tout est conté avec la musique et le visuel, sans aucun dialogue . Ce pari risqué non verbal fonctionne à merveille, et à aucun moment ...

L’animation a toujours eu cet avantage sur la prise de vue réelle d’être le terrain d’une liberté illimitée. Par elle, le fantastique est devenu la norme, et longtemps, elle resta cantonnée à ce rôle de féerie enfantine, pour le meilleur, à ses origines, et le plus ...

Extrêmement épuré, dans l’histoire, l'image comme le son, La Tortue Rouge promet une expérience apaisante, suspendue au-delà du temps. Un instant de poésie dans ce monde de brutes, mais dont les vagues viendront rapidement lécher puis engloutir les traces sur le sable. De ...