L'ÉTAT SAUVAGE

en VOD

Sorti en 1978 L'État sauvage était le troisième long métrage de Francis Girod - disparu en 2006 - qui, quatre ans plus tôt, avait frappé fort les esprits en mettant en scène Romy Schneider et Michel Piccoli dans Le Trio infernal. Girod aimait les sujets forts, clivants et avec ce drame africain il allait s’en donner à coeur joie. 

Adapté du roman de Georges Conchon, prix Goncourt 1964, le film, bien que tourné en Guyane, met en scène une jeune République Noire confrontée à la décolonisation et aux problèmes qu’elle pose, au milieu d’intrigues politiques et sentimentales (autour du personnage de Marie-Christine Barrault) qui conduisent ses divers protagonistes au règlement de comptes. C’est aussi et surtout un film sur le racisme, véritable plaie ordinaire à cette époque et sous ces latitudes. 

Le casting est relevé et permet à Jacques Dutronc de se signaler en jouant un fonctionnaire français tendance pleutre. Michel Piccoli en officier de police fonctionne à l’indolence, Tandis que Claude Brasseur excelle en trafiquant sans foi ni loi, ni manières. Une de ces ordures dont on se souvient. Le seul héros de cette histoire est Patrice Doumbé, homme politique vertueux parmi un aréopage de cloportes, mas au destin tragique. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver COUP DE TORCHON (Tavernier situe dans les années 30/40 en Afrique cette fable féroce sur la colonisation et ses dérives.) ou encore LUMUMBA (En 2000, Raoul Peck y racontait la vie de cet homme politique congolais, mort dans un attentat et dont l'histoire avait au préalable inspiré en partie Francis Girod pour L'Etat Sauvage.).

Cinéaste provocateur, qui aimait les propos qui engagent, Francis Girod offrait le pendant français à un certain cinéma italien, amateur de polémiques. Ce sera vrai quelques années plus tard aussi avec La Banquière (toujours d’après Georges Conchon avec une étonnante Romy Schneider) et vrai encore avec  Le Bon plaisir, l’histoire d’un président de la République embarrassé par la découverte d’un enfant illégitime. 

La mauvaise conscience africaine de la France, n’a donné lieu qu’à bien peu de films et rien que pour ça il faut saluer aujourd’hui encore l’audace de Francis Girod. Cependant, il fallut attendre Bertrand Tavernier et son Coup de Torchon pour que les choses soient dites haut et fort en la matière et, qui plus est, sur le ton du sarcasme. 

Écrivain populaire, Georges Conchon n’en était pas à son coup d’essai ici comme scénariste, puisqu'il fut l'auteur trois ans plus tôt de Sept morts sur ordonnance réalisé par Jacques Rouffio. A noter que l’Afrique, qu'il connaissait bien, Conchon l’avait déjà dépeinte pour Jean-Jacques Annaud dans La Victoire en chantant, une merveilleuse comédie avec Jean Carmet, récompensée en 1977 de l’Oscar du meilleur film étranger. Cependant, son meilleur script reste sans doute à ce jour Le Sucre, sorti cette même année-là, une comédie désopilante avec Gérard Depardieu et encore Jean Carmet. 

On ne peut que se réjouir du renouveau - un de plus ! - que connaît le western, comme si ce genre n’en finissait pas de se régénérer, sur la lancée de la voie ouverte par le western italien. À présent, que ce soit sur ses terres de prime naissance, avec l’envoûtant ...

Une affiche qui me rappelait Hostiles, un thème historique... il n’en fallait pas plus pour m’attirer en ce dimanche matin. Coronavirus oblige, nous étions 7 dans la salle (nos cinémas se vident progressivement). Je confesse que dans un premier temps, le mixage de genres ...

Très contemplatif, avec une excellente photographie, ce film dépeint les hommes comme la source d'à peu prêt tous les maux qui rongent cette terre nouvelle. Ils sont faibles, couards, avares, inhumains, des sauvages sans âmes qui méritent la mort tout autant qu'ils sèment ...