HIGH LIFE

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Les premières images du film de Claire Denis sorti à l’automne 2018 sont très douces. Robert Pattinson, le cheveu ras, l’air résigné, joue avec un bébé dont on apprendra qu’il en est sûrement le père. Tous deux évoluent dans une sorte de lieu clos, étrange. On comprendra plus tard, que Monte et la fillette sont dans l’espace, qu’ils y vivent et y resteront pendant longtemps…

Monte, comme les autres occupants du vaisseau spatial, sont en fait des condamnés à mort qui ont commué leur peine sur terre en une mission dans l’espace, hors du système solaire. Pour bénéficier de ce régime de pseudo-liberté, ils ont accepté de devenir les cobayes d’expériences plus ou moins scientifiques sur la sexualité, la reproduction, menées par Dibs, une doctoresse diabolique, interprétée par Juliette Binoche.

Pris au piège de ce laboratoire cosmique que la fameuse Dibs a consacré à perpétuer l’espèce humaine, à sa façon toute personnelle, ces hommes et ces femmes attendent leur sort, cultivent leur jardin et finiront par se haïr.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver 2001, ODYSSÉE DE L'ESPACE (Parce que c'est la référence des références des films de science et de fiction existentialistes) ou encore INTERSTALLAR (Parce que dans High Life, on échappe à la notion d'espace-temps).

Le cinéma de Claire Denis est un cinéma de l’étrange. Et pourtant, depuis sa sortie de l’Idhec et ses premiers courts métrages, elle n’avait jamais plus réalisé de films de science-fiction. High Life en-est-il un ? Selon la réalisatrice, il n’en est rien. « High Life n’est pas un film de science-fiction, bien qu’il y ait pas mal de fiction et de science… C’est un film dans l’espace mais très terre à terre », ajoute-t-elle. Les acteurs ont d’ailleurs tous suivi le parcours de formation des astronautes au Centre aérospatiale de Cologne, ville allemande où le film a été tourné. Pourtant, on y trouve aucun des codes de la science-fiction : ni effets spéciaux, ni pistolet laser, ni téléportation ou désintégration. Même pas d’apesanteur ! Ce qu’elle justifie en expliquant que le vaisseau spatial se meut hors système solaire, en route vers un trou noir et l’infini.

Selon Juliette Binoche qui joue pour la seconde fois et coup sur coup sous la direction de Claire Denis, dans un registre ici très différent d’Un beau soleil intérieur qui les avait réunies, High Life est un film existentialiste, difficile à résumer et à expliquer. « Une histoire d’envies et de fluides », se contente d’éclairer Claire Denis. L’envie… Voilà la clé. Au départ, le projet est pourtant la commande d’un producteur anglais pour participer à une collection sur les Femmes Fatales, confié à des réalisateurs et des producteurs de plusieurs pays.

Claire Denis a dit non, puis oui, et commencé à chercher des acteurs : elle pense à Philip Seymour Hoffman, à Patricia Arquette avant de tomber sur Robert Pattinson, qu’elle a avait vu dans la saga Twilight et chez David Cronenberg. Lui la connaissait et rêvait de travailler avec elle. La suite du casting, très international, fut, de fait, bien plus simple à composer. Seule Juliette Binoche qui s’est elle-même proposée pour le rôle de Dibs est arrivée à quelques semaines du tournage. Enfin, Claire Denis a confié la musique à un de ses compositeurs habituels, Stuart A. Staples des Tindersticks, afin qu’il compose une BO, hors normes, pleine douceur et de solitude que Robert Pattinson conclut en interprétant une chanson, Wollow.

« Le silence éternel de ses espaces infinis m’effraie », écrivait le philosophe Blaise Pascal, et, en écho de ce mutisme spatial, High Life est un film qui s’ouvre dans le silence. Le premier plan cristallise immédiatement en lui un paradoxe, car son silence c’est celui ...

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