GENIUS

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Rendre compte à l’écran de ce que représente le travail d’un écrivain torturé, peut sembler a priori un exercice casse-gueule. En effet, comment restituer par l’image les affres de l’écriture ? Avec le film que vous vous apprêtez à découvrir, c’est pourtant ce que parvient à faire de manière subtile le réalisateur britannique Michael Grandage, venu du théâtre et dont c’est le premier film.

Genius fait revivre ce que fut dans les années trente la relation conflictuelle entre l’écrivain Thomas Wolfe (qu’incarne Jude Law) et l’éditeur Max Perkins, interprété avec sa sobriété habituelle par Colin Firth. Wolfe, refusé par tous les éditeurs de l’époque, trainait une réputation d’auteur ingérable lorsqu’il croisait la route de Perkins, lequel avait contribué à faire connaître des plumes aussi prestigieuses que Francis Scott Fitzgerald et Ernest Hemingway.

Genius se présente ainsi comme un face à face houleux entre deux hommes qui avaient la littérature dans le sang. Deux personnages féminins viennent régulièrement s’intercaler entre eux. L’actrice Laura Linney qui joue l’épouse de l’éditeur et Nicole Kidman qui prête ses traits à Aline Bernstein, qui fut dans la vie la maîtresse fortunée et sacrifiée sur l’autel du talent immense de Thomas Wolfe, disparu prématurément à l’âge de 37 ans.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BARFLY (1987) (Une libre autobiographie de l'écrivain Charles Bukowski confronté à ses démons.) ou encore AVEC LES COMPLIMENTS DE L'AUTEUR (1982) (Dans les années 80, la difficulté d'un auteur dramatique pour terminer l'écriture de sa pièce...).

Ce n’est pas si souvent qu’un film voit le jour par la seule volonté d’un scénariste. Celui de Genius est signé John Logan, qui a bataillé pendant près de vingt ans pour rendre la chose possible. Pour cela, il lui a fallu d’abord convaincre non sans mal l’écrivain Andrew Scott Berg, Prix Pulitzer, de lui permettre d’adapter sa biographie de l’éditeur Max Perkins sortie dans les années 70.

John Logan s’était fait connaître en signant à la fin des années 90 le scénario de L’enfer du dimanche pour Oliver Stone. Peu après, il devait confirmer son talent de money maker en écrivant des films comme Gladiator pour Ridley Scott, Aviator pour Martin Scorsese et un peu plus tard le script des deux derniers James Bond pour Sam Mendes, à savoir Skyfall et Spectre. Après la sortie de Genius il  travaille à l’écriture de Covenant, sixième épisode de la saga Alien pour le même Ridley Scott.

L’écrivain Thomas Wolfe a aujourd’hui presque totalement sombré dans l’oubli ce qui pour John Logan était en soi une raison suffisante pour lui consacrer un film. Si Genius a au moins une vertu dit-il, c’est – je l’espère – de donner envie aux gens d’acheter L’ange exilé et Le temps et le fleuve et de se mettre aussitôt à les lire". Ces deux romans ont été publiés en français par l’éditeur suisse L’âge d’homme.

Un film biographique hollywoodien de plus ? Oui, si on considère la forme, très classique : reconstitution soignée, belles images, et interprétation haut de gamme. Non, si l'on considère le fond : les liens amicaux qui s'établissent entre un éditeur, père de famille rangé, ...

Un film sur un auteur peut-il nous apprendre quelque chose de fondamental à propos de l’écriture ? Le récent Trumbo, bien qu’interprété avec talent par Bryan Cranston, échouait lamentablement dans ce domaine, se contentant de dérouler la vie d’un scénariste. GENIUS ...

Malheureux les spectateurs de Genius que les affres de la création littéraire laissent froid. De même que la façon dont un manuscrit devient un livre bon à publier après un long travail d'édition. Oui, malheureux parce que le film de Michael Grandage ne parle que de cela, ...