FRÈRES D'ARME

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Après de nombreux courts métrages, Sylvain Labrosse réalise son premier long avec Frères d’armes. Pour ce premier essai, le réalisateur s’est inspiré d’une rencontre bien particulière avec un jeune homme originaire des Balkans qui, selon le cinéaste, avait la carrure d’un véritable personnage de cinéma. 

Il en a tiré l’histoire d’Emilijan et de son jeune frère Stanko, liés par un secret d’enfance qui les a contraints à quitter leur pays natal. Aujourd’hui, Emilijan s’est parfaitement intégré en France. Il travaille dans la zone portuaire de Brest et vit une histoire d’amour avec Gabrielle. Stanko, lui, attend impatiemment de rentrer au pays pour y retrouver leur vie d’avant. Ils sont liés d’un amour surpuissant mais tout bascule quand Emilijan ne veut plus rentrer au pays. 

Pour incarner ce tandem de frères unis à la vie, à la mort, Sylvain Labrosse a fait appel à deux acteurs, réellement de la même famille : Kevin Azaïs, récompensé d’un César pour Les Combattants de Thomas Cailley et Vincent Rottiers, découvert dans Les Diables de Christophe Ruggia.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver XÉNIA DE PÁNOS H. KOÚTRAS (Là aussi deux frères font face au déracinement avec des réactions souvent opposées) ou encore LA TRAVERSÉE DE FLORENCE MIAILHE (Ce film d'animation traite également du déracinement à hauteur d'enfants).

Le « vrai Emilijan Matesic » du film, Sylvain Labrosse l’a rencontré bien des années auparavant, au hasard de la rencontre. Et il a tout de suite vu dans ce jeune homme des Balkans un véritable personnage de cinéma. Un personnage qui ne l’a jamais vraiment quitté puisque bien plus tard, il lui est revenu en tête et lui a donné l’inspiration pour Frères d’armes. L’idée pour lui de faire un véritable film noir. Un film noir sur un duo, une fratrie qui est au coeur d’un combat contre le déterminisme, à la fois historique et familial. Deux frères qui essayent de mettre fin à un cycle de violence dont ils sont à la fois les victimes et les instigateurs. 

Il fait d’Emilijan, une sorte d’Hamlet moderne, coincé par la vengeance qu’il doit à son père, pris au piège des affaires de pouvoir qui le dépasse et des mouvements internes de l’histoire et de la famille. Mais surtout il est à la merci d’un passé qui refuse de le laisser tranquille. Mais contrairement à Hamlet, l’amour sera pour lui le moyen de la rédemption et du salut. Pour mieux incarner cette puissance des liens du sang, des liens familiaux, Sylvain Labrosse a fait appel à deux acteurs qui sont de vrais frères dans la vie, des demi-frères en réalité, Vincent Rottiers et Kevin Azaïs. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les deux comédiens jouent ensemble puisqu’ils étaient tous les deux au casting de La Marche de Nabil Ben Yadir en 2013.

Vincent Rottiers et Kevin Azaïs ont en héritage un même regard presque hanté qui vient donner davantage de puissance à leur interprétation de deux hommes déracinés et exilés. Surtout que le film s’inscrit dans une réalité sociale forte. C’est d’ailleurs en grande partie pour cela que le réalisateur a décidé de tourné Frères d’armes à Brest, une « ville-monde », terre d’asile historique par son passé maritime et militaire. En filmant cette ville bretonne à l’aide d’une caméra légère, en totale immersion avec les dockers, le film oscille régulièrement entre la fiction et le documentaire pour renforcer la sensation de réalisme de cette histoire aux allures de mythe moderne.

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