FITZCARRALDO

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Dans le même genre vous pouvez trouver AUSTRALIA (D'un côté une fresque romantique, de l'autre une épopée au coeur de la jungle... Point commun : la folie ! Cette volonté farouche de réussir malgré l'adversité qui fait que, dans ces deux cas, l'obstination devient le moteur de la formidable machine humaine.) ou encore APOCALYPSE NOW (Au rayon des films maudits, celui de Francis Ford Coppola n'a rien à envier à Werner Herzog ! la jungle décidément n'est pas une terre d'accueil pour les cinéastes. !).

Non, vous n'avez pas rêvé, le morceau d'anthologie du film est bien ce voyage surréaliste d'un bateau au coeur de la jungle. Aujourd'hui, le problème serait réglé en quelques coups de pinceaux numériques mais en 1982, les effets spéciaux étaient encore balbutiants. Werner Herzog a donc tenu bon la barre de ses exigences : le rafiot a bel et bien été transporté à main et dos d'homme à travers l'Amazonie ! L'idée lui était venue en visitant les champs de menhirs de notre douce Bretagne, le réalisateur se demandant comment nos lointains ancêtres avaient accompli une telle prouesse.

Le tournage fût dantesque et plusieurs techniciens faillirent même y laisser leur vie, notamment durant les scènes de rapides où le bateau, lourd de plus de 300 tonnes, avait échappé à tout contrôle. C'est d'ailleurs le film entier qui a bien failli sombrer, tant le sort semble s'être acharné. Werner Herzog avait en fait commencé sans Klaus Kinski venu, deux ans plus tard, remplacer au pied levé le comédien Jason Robards, parti en claquant la porte. Mais le cinéaste voulut alors tout recommencer, ce qui scella le sort de Mick Jagger : le chanteur des Rolling Stones avait lui aussi mis en boîte des scènes dans cette première version mais, tournée de son groupe oblige, il ne pouvait être de la seconde.

Fitzcarraldo doit bien entendu énormément à la performance de Klaus Kinski, habitué des rôles extrêmes comme dans Nosferatu, fantôme de la nuit du même Herzog, où son physique d'aigle décharné habite littéralement l'écran. Le cinéma français l'a d'ailleurs utilisé dans ce registre, notamment Zulawski dans L'important c'est d'aimer en 1975, ou Georges Lautner dans Mort d'un pourri deux ans plus tard.

Herzog-Kinski, couple terrible, meilleurs ennemis pour la vie dont les disputes épouvantables font partie de la légende noire de l'histoire du cinéma. Le réalisateur allemand y consacrera d'ailleurs un documentaire passionnant, Ennemis intimes en 1999. Aux côtés de la bête, une belle : Claudia Cardinale, elle joue Molly, la fiancée d'un monstre d’égoïsme dont la folie et la passion vont aller jusqu'au drame. Pour la star italienne du Guépard, de Huit et demi ou de Il était une fois dans l'ouest, l’expérience fut à la fois traumatisante et exaltante... Un travail de titan, présenté au festival de Cannes en 1982, durant lequel Klaus Kinski terrorisa les journalistes venus l'interviewer, ce qui n'empêcha pas le jury dans lequel ont trouvait Jean-Jacques Annaud, (autre cinéaste ambitieux), de récompenser le film d'un très mérité prix de la mise en scène. Vous l'avez vu, les images parlent d'elles même !

J'ai revu Aguirre juste avant histoire de revivre un souvenir brillamment renforcé suite à une très pénible première séance. C'est une très grande expérience pas de doute, mais ça reste quand même un peu pénible (voire vainement répétitif), les seconds rôles sont ...

Les points communs entre Fitzcarraldo et Aguirre sont à ce point innombrables qu’il est plus judicieux de distinguer d’emblée les deux chefs d’œuvre d’Herzog : le second commence là ou avait échoué le précédent, et pose la question de ce qu’on peut faire d’une ...

De brumes soufflées par des nasaux divins jaillit la végétation, comme un rêve se dissipe pour révéler la réalité ; l'opéra végétal peut débuter. C'est l'histoire d'un rêveur. Ou plutôt deux. L'un construisant sa légende en racontant celle de l'autre. Il y a Fitzcarraldo, ...