DÉMÉNAGEMENT en VOD
- De
- 1993
- 125 mn
- Drame
- Japon
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Papa et maman déménagent. Mais pas ensemble. La petite fille aura deux maisons mais une seule tristesse. Le divorce est aussi une question de lieu, d’appartenance et d’identité modifiée. « Déménagement » est, comme son sobre titre l’indique, une chronique de mœurs, celles du désamour, vu à hauteur d’enfance. C’est un film japonais exhumé comme un trésor longtemps enfoui loin des cinéphilies classiques. Cette œuvre n’est en effet que tardivement arrivée jusqu’à nos écrans, alors que sortie en 1993.
Il est vrai que Shinji Sōmai, son réalisateur, même s’il avait fréquenté à cette époque le festival de Cannes dans la section Un certain regard, n’avait pas eu l’honneur d’être distribué en salles. La postérité est là qui réévalue tout, voici trente ans plus tard la belle (et triste histoire) de Renko, l’enfant qui ne voulait pas que ses parents divorcent. C’est donc un cinéaste passé sous les radars occidentaux pendant des décennies et qu’on découvre avec des émois cinéphiliques qui frisent la pâmoison (rétrospectives intégrales en France au festival des trois continents de Nantes en 2012). Si l’on en croit les quelques témoignages qui nous sont parvenus, l’éclipse médiatique de Shinji Sōmai, mort prématurément, est aussi lié à sa personnalité délicate, méditative, et rare.
Le cinéaste a connu vingt ans de carrière entre 1980 et l’an 2000. Passionné dès l’enfance par le cinéma il fait ses classes comme assistant à la Nikkatsu, le plus puissant studio japonais. Il devient réalisateur et marque les années 80 avec « Sailor suit and machine gun » une parodie de film de Yakuza puis « Love hotel » un « roman porno » (romance pornographique) à une époque où ces films roses à peine coquins mais un peu sadique émoustillaient le pays du Soleil Levant.
En 1985 « Typhoon Club » film d’ados bravant un Typhon a été reçu en France avec exaltation critique mais une sortie modeste. Au Japon pourtant Shinji Somai est considéré alors comme un cinéaste majeur. « Déménagement » est son dixième long métrage. Le cinéaste l’a tourné à la belle saison en 1992, méticuleusement. Il aurait vu 7000 jeunes filles avant d’arrêter son choix sur Tomoko Tabata, 12 ans à l’époque, qui a souffert des multiples prises qu’exigeait son réalisateur. A l’arrivée le film connut sur l’archipel un grand succès et fut présenté à Cannes en même temps que "Sonatine ». Takeshi Kitano y lança sa carrière internationale, Somai non… On a comparé son style à Mizoguchi, mais c’est depuis qu’il est mort trop jeune d’un cancer, à l’âge de 53 ans, que son œuvre se révèle. Pour un artiste, il est toujours trop tard.