COMME SI DE RIEN N'ÉTAIT

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Née en 1983, Eva Trobisch a d’abord été assistante au théâtre puis au cinéma. Elle a ensuite étudié la mise en scène et le scénario à la HFF de Munich, à la Tisch Scchool of Arts de New York, puis à la London Film School. Elle a écrit seule le scénario de Comme si de rien n’était, et dit ne pas avoir de références cinématographiques ayant présidé à son élaboration, même si elle reconnait un goût marqué pour les cinémas français et scandinaves. Elle aime, en outre, les films de Michael Haneke, qui a beaucoup traité selon elle de la question du «dégoût», centrale dans Comme si de rien n’était. Mais elle ajoute, dans le dossier de presse du film : «En ce qui me concerne, pour pouvoir porter un projet pendant trois ans, j’ai besoin qu’il ait une solide base humaniste. »

Le titre original allemand de ce premier long métrage est «Alles ist gut», qui signifie «tout va bien», c’est ce que se dit en permanence Janne, personnage principal volontaire et décidé. Elle se refuse à se voir comme victime lorsqu’elle est abusée sexuellement par un homme avec lequel elle vient de faire la fête. Mais il y a, autour de Janne, toute une série de personnages dont on découvre la vie : le violeur, Martin, qui est horrifié par son propre geste et gêné de côtoyer la jeune femme, d’autant que celle-ci lui dit, lorsqu’il s’excuse, qu’elle «ne veut pas en faire tout un plat » ; son compagnon, Piet, qui ne la comprend plus sans avoir aucune idée de ce qui lui est arrivé ; son patron Robert, dont elle découvre qu’il a été roué de coups de pieds par sa jeune épouse désireuse d’avoir un enfant et révoltée lorsqu’il a refusé de faire l’amour avec elle…

Ce film étrange et presque désagréable par moments observe des êtres tentant vainement de garder le contrôle sur leur vie. Pris au piège, ils sont filmés dans un environnement souvent claustrophobe et de loin, ou au plus près dans des gros plans qui semblent les étouffer. Le cinémascope, l’absence de musique sont des choix artistiques très forts. Et l’interprétation de la jeune actrice de théâtre Aenne Schwarz, tout en finesses et en contradictions, fait de ce personnage énigmatique un être constamment passionnant à suivre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L’AMOUR VIOLÉ DE YANNICK BELLON (1978). (Film centré sur une jeune femme victime d’un viol.) ou encore LE DOSSIER MONA LINA DE ERAN RIKLIS (2014) (Film centré sur une figure féminine qui a en commun avec Comme si de rien n’était sa directrice de casting, Suzanne Ritter).

Après trois courts métrages en tant que réalisatrice et scénariste depuis 2010, Comme si de rien n’était est le premier long métrage de l’Allemande Eva Trobisch et aussi son film de fin d’études. Le projet, du scénario à la réalisation, a été suivi de près par Ulrich Seidl, réalisateur autrichien d’Import Export et de la trilogie Paradis (Amour, Foi et Espoir). Autre fée s’étant penchée sur ce berceau, le réalisateur américain de Little Odessa et The Lost City of Z., James Gray, qui a déclaré : « Eva Trobisch réalise un premier film remarquable. Comme si de rien n’était est complexe, puissant et précis. »

Tourné durant l’été 2017, juste avant l’affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, Comme si de rien n’était semble pourtant s’inscrire dans cette vague de prise de parole au féminin. La réalisatrice constate cette concordance, tout en insistant sur sa volonté, ancrée dès le départ de développer le personnage d’une femme « moderne, éduquée, rationnelle et cynique, qui réclame le droit d’être qui elle veut, de ne pas être contrainte par quoi que ce soit ou qui que ce soit. » 

Meilleur premier film au Festival de Locarno, grand prix du jury à Angers, prix FIPRESCI à Munich… Ce premier long métrage a également été salué et récompensé dans la plupart des Festivals où il a été présenté. L’actrice Aenne Schwarz, qu’on avait découverte auparavant dans Stefan Zweig, adieu l’Europe de Maria Schrader (2016), a pour sa part reçu cinq prix d’interprétation rien que pour ce rôle. 

"Comme si de rien n'était" est un premier long métrage, film de fin d'études de la réalisatrice : il impressionne donc d'autant plus par sa profondeur. La jeune Eva Trobisch nous propose - ou se propose ? - une expérience. Celle de choisir des personnages aux caractères, ...

Le titre original de Comme si de rien n’était, le premier long métrage de l’Allemande Eva Trobisch, est Alles ist Gut (Tout va bien). Il confère une neutralité, un constat platonique par rapport à ce qui se passe dans le film. Et ce qui s’y passe, c’est le récit ...