BROTHERS

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Brothers est un mélodrame familial sur fond de guerre en Afghanistan, où deux frères que tout oppose et la femme de l'un d'entre eux, se trouvent confrontés à la lente déréliction de leur noyau familial suite à un événement tragique. Les trois personnages principaux sont interprétés par Tobey Maguire, Jake Gyllenhaal et Natalie Portman, trois jeunes stars hollywoodiennes que l'on voit ici passer, pour la première fois aussi clairement, du statut d'adolescent à celui d'adulte.

En effet Maguire, qui joue ici le frère militaire, est surtout connu pour son interprétation de Spiderman, le superhéros newyorkais "à qui incombe de grandes responsabilités dès lors qu'il obtient de grands pouvoirs". Le second frère, Jake Gyllenhaal, celui qui sort de prison, a débuté sa carrière dans Donnie Darko de Richard Kelly, avant de s'illustrer dans des films que son éternelle rage adolescente font souvent basculer dans l'étrange. A noter d'ailleurs que Gyllenhaal, suite à des problèmes de santé de Maguire, avait failli reprendre le rôle de Spiderman dans le second épisode de la franchise. Natalie Portman, enfin, qui joue la jeune mère de famille, a débuté dans Leon de Luc Besson, avant d'exploser dans Star Wars, Garden State ou V for Vendetta, films éclairés de sa juvénilité malhabile.

Brothers, réalisé par l'Irlandais Jim Sheridan, peut ainsi être vu, au delà de son ancrage dans une actualité brûlante, comme un documentaire sur ces trois acteurs, saisis à l'aube d'une nouvelle étape de leur carrière, abandonnant les derniers oripeaux de l'insouciance pour laisser place à une gravité imposée.

 
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Brothersn'est pas un scènario original de Jim Sheridan mais un remake d'un film danois, réalisé en 2004 par Susan Bier. Bien qu'ils se déroulent tous deux sur fond de guerre en Afghanistan et déploient une dramaturgie relativement proches, les films de Bier et de Sheridan sont extrêmement différents quant à leur chox stylistiques. Alors que le film danois favorisait la sécheresse, dans un geste qui n'était pas sans évoquer le fameux Dogma, dont Susanne Bier fut l'une des plus ferventes défenseur, son remake hollywoodien (logique) est plus ample, plus paroxystique.

On y reconnait instantanément la patte du réalisateur irlandais Jim Sheridan, qui aime à se saisir de forts sujets sociétaux. Son film le plus célèbre, Au nom du père, avec Daniel Day Lewis en 1993 – avec qui il a aussi tourné My Left foot, son premier film en 1989 puis The Boxer en 1997 – mettait ainsi en scène un père et un fils d'Irlande du Nord, accusés de terrorisme par le gouvernement anglais et enfermés sans preuve durant quinze ans, jusqu'à ce qu'une avocate ne s'émeuve de la situation et ne plaide leur cause devant les tribunaux. Le film a valu à son réalisateur et ses acteurs plusieurs nominations aux Oscars, et il encore considéré aujourd'hui comme l'un des plus réussis dans la carrière de Daniel Day Lewis.

Même s'il n'accuse personne – la guerre est ici simplement vécue comme une tragédie, implacable et inévitable –, Brothers renoue avec une veine purement mélodramatique que Jim Sheridan avait délaissé avec ses deux précédents films, In America (sur une famille d'immigrés irlandais à New-York) et Get Rich or Die Tryin' (sur la vie du rappeur 50 cent). Enfin, il est une nouvelle preuve, si besoin était, de son talent de direction d'acteur.