Mamane, le réalisateur du film que vous venez de voir et dans lequel il apparaît brièvement en journaliste de la télévision gondwanaise, est un humoriste atypique, arrivé en France au début des années 2000, afin d’y achever un 3e cycle en physiologie végétale ! Assez vite, cependant, il s’orientera vers le one-man-show, fréquentant bientôt les émissions de Laurent Ruquier puis le Jamel Comedy Club et, en 2009, RFI (Radio France Internationale), où sa chronique satirique et quotidienne, la République Très Très Démocratique du Gondwana, rencontrera un très très vif succès. Déjà, l’invention de ce pays imaginaire lui permettait d’y dénoncer avec humour : la corruption, le manque de démocratie, de santé, d’éducation, voire la Françafrique.
Ce sont ses auditeurs qui, entre autres, lui donneront l’idée et l’envie d’adapter sa chronique au cinéma. « Ils voulaient voir les images de ce que j’évoquais », dira Mamane plus tard. C’est alors qu’il rencontre les producteurs Eric et Nicolas Altmayer, qui apprécient son idée d’avoir « inventé une nation qui n’existe pas pour évoquer des problèmes qui eux existent. » Ils tombent vite d’accord pour produire le premier film de Mamane, « un film qui ne soit pas le fruit d’une vision occidentale sur l’Afrique, expliqueront-ils. Un film sans boubou, sans pirogue, sans grenier à mil »... mais avec la musique du Congolais Ray Lema (70 ans).
C’est à Prudence Maïdou que Mamane confia le rôle de la positive et courageuse Betty. Actrice, chorégraphe et danseuse française d’origine centrafricaine, elle fut nommée meilleure actrice 2014 au 17e Festival du Cinéma Africain de Khouribga au Maroc. Dix ans plus tôt, dans Nathalie..., le film d’Anne Fontaine, on la découvrait, brièvement, en accorte hôtesse, dans le bar où Fanny Ardant retrouvait Emmanuelle Béart ! Enfin, c’est pour la vedette ivoirienne, Michel Gohou, que Mamane écrivit le rôle de l’étonnant homme de main du président-fondateur ! Complexé par sa petite taille, dès son plus jeune âge, et sur les conseils de son instituteur, il avait commencé à faire du théâtre. Une fois guéri de son complexe, il intégra une troupe professionnelle d’Abidjan avant de participer aux Guignols d’Abidjan, une série télévisée adaptant, en autant de sketches humoristiques, des histoires vraies et des faits-divers ivoiriens. A son sujet, Christophe Carrière dans l’Express évoquera « une star africaine, dont la démarche et le phrasé suffiraient à justifier le prix de la place. »