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Pang Ho-Cheung, le réalisateur de A.V. – A.V. pour Adult Video – est né sur la britannique colonie hongkongaise en 1973. Il a donc 24 ans le jour de l’officielle rétrocession de l’île à la République populaire de Chine, tenue de lui conserver son statut particulier – économique, politique, législatif – jusqu’en 2047, soit cinquante années après ce transfert de souveraineté.

Profitant d’une certaine liberté d’expression, relativement rare dans les environs de Pékin, des cinéastes nommés Johnnie To, Tsui Hark ou Wong Kar-Wai vont, au début des années 2000, redonner vie à l’industrie cinématographique locale qui, après avoir régné sans partage sur le marché asiatique, avait connu un rude déclin dans les années 1990. Pang Ho-Cheung fait partie de cette Nouvelle Vague hongkongaise. Après avoir vu l’un de ses romans porté à l’écran par Johnnie To – c’était en 2001, Fulltime Killer, avec Andy Lau –, il était, lui-même, devenu cinéaste.

C’est en février 2005 et pendant seulement 13 jours qu’il tourna A.V., son quatrième long métrage, une comédie au ton assez libre mettant en scène quatre jeunes étudiants qui, pour connaître enfin leur première expérience sexuelle, décident de tourner un film porno, en engageant une véritable star du genre. Voici donc A.V., présenté en France lors du 8e festival du film asiatique de Deauville, en mars 2006.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver AMERICAN PIE (1999) (Pour eux aussi, tous les moyens sont bons pour perdre leur virginité...) ou encore HUMPDAY (2009) (Non pour perdre leur virginité, mais pour remporter un pari stupide, Ben et Andrew s’avisent de tourner un film porno Art et essai et... gay !).

Si A.V., dixit Pang Ho-Cheung son auteur, est un film très personnel, faisant écho à ses propres fantasmes, cette histoire lui fut inspirée par l’un de ses anciens assistants qui était parvenu à ses fins en proposant à l’étudiante dont il était sincèrement amoureux, le rôle d’une jeune fille très amoureuse du personnage qu’il allait, lui-même, interpréter dans son film de fin d’études, et auquel elle devait, au cours d’une scène torride, ne rien cacher de la réalité de ses sentiments ! C’est l’épisode raconté au début de A.V. et qui donne l’idée que vous savez aux héros du films. Pang Ho-Cheung écrivit le scénario en compagnie de Wenders Li qui, depuis son premier film en 2001, You Shoot, I Shoot, est, également, son monteur.

Dans le rôle du meneur, surnommé Sparadrap, peut-être avez-vous reconnu Derek Tsang, le fils du célèbre comédien hongkongais Eric Tsang, un habitué des comédies populaires et des films de karaté des années 1970 – style les Cinq maîtres de Shaolin de Chang Cheh – et qui, plus récemment, incarnait l’implacable et imprévisible mafieux de Infernal Affairs le film de Andrew Lau et Alan Mak dont Martin Scorsese fit un remake en 2006 avec les Infiltrés. Quant à Chui Tien You, qui joue ici le rôle de Wong Kar-Lok l’apprenti cinéaste, on le retrouvera en 2011 devant la caméra de Steven Soderbergh dans Contagion.

Enfin, pour incarner l’actrice porno qu’ont décidé de se payer les héros de son film, Pang Ho-Cheung engagea, dans son propre rôle, Amamiya Manami (21 ans), charmante comédienne japonaise, spécialisée dans le cinéma pornographique directement édité en vidéo. En effet, face à ces quatre jeunes étudiants joués par quatre jeunes acteurs, le cinéaste refusa d’engager une comédienne hongkongaise non spécialisée dans le domaine et qui, avoua-t-il, n’aurait pas osé aller aussi loin ! A ce propos, pour éviter l’interdiction aux moins de 18 ans, le réalisateur se débrouilla pour présenter son film à la censure un lundi matin, espérant que les membres de l’auguste commission aient fait la fête tout le week-end et somnolent pendant toute la projection. Mais, surtout, il ne fit pas sous-titrer en mandarin, la langue de la Chine continentale, les mots parfois très crus dit par ses comédiens en cantonais, la langue de Hong-Kong !

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