ANNE-MARIE (VERSION RESTAURÉE)

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Sorti en 1936, Anne-Marie est le seul film dont le scénario original est signé Antoine de Saint-Exupéry. On retrouve en effet l’univers de l’écrivain-aviateur dans cette histoire d’amour mais aussi d’amitié sur fond de suspense aérien où une jeune femme apprend à piloter en suivant les leçons d’un groupe d’as de l’aviation soudés par une solide camaraderie.

La mise en scène est assurée par Raymond Bernard, réalisateur qui enchaînait alors les succès comme Les Croix de bois, une évocation très réaliste de la guerre de 14-18,  ou encore sa remarquable adaptation des Misérables avec Harry Baur.
L’affiche réunit un couple de vedettes extrêmement populaires de l’époque : Annabella, qui venait de tourner aux côtés de Jean Gabin dans La Bandera, et Pierre Richard-Willm,  jeune premier romantique vu notamment dans Le Grand jeu de Feyder. Le comédien reconnaissait d’ailleurs à l’époque que son personnage d’inventeur avec son côté braque, terriblement rêveur, chimérique n’était pas sans parenté spirituelle avec sa propre personnalité. 

Un an après Anne-Marie, Pierre Richard-Willm allait à nouveau incarner un héros imaginé par Saint-Exupéry dans Courrier sud. Et comme cette fois il campait un aviateur, il fut doublé par Saint-Ex en personne dans certaines scènes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SEULS LES ANGES ONT DES AILES (Aventure réaliste, amitiés viriles et amours passionnelles dans le milieu de l'aviation.) ou encore LE ROMAN D'UN TRICHEUR (Un joyau du cinéma français des années 30).

L’un des points forts d’Anne-Marie c’est de restituer avec justesse ce qu’était l’aviation à cette époque héroïque des années 1930. Une période de forte compétitivité en France comme à l’étranger pour obtenir des records de vitesse, d’altitude. Les extérieurs ont été tournés à Guyancourt, en région parisienne, et la société Caudron avait fourni des avions et mis à disposition plusieurs pilotes pour les scènes aériennes. L’avion Typhon utilisé dans la séquence finale était d’ailleurs un prototype de la firme aéronautique. Dans cette séquence spectaculaire, l’idée de l’éclairage des rues utilisé pour faire passer un message en morse afin de guider l’avion dans la nuit, a sûrement été inspirée à Saint-Exupéry par un événement similaire survenu lors du raid aérien Londres-Melbourne qui avait eu lieu en octobre 1934.

Saint-Exupéry venait de temps à autre sur le tournage d’Anne-Marie, et Annabella se souvient qu’il passait de longs moments à discuter de  pilotage avec le comédien Jean Murat, l’interprète du penseur qui était alors à la ville  le mari de l’actrice. Annabella moins passionnée par l’aviation, restait en marge. En revanche, la comédienne a eu l’occasion de mieux connaître Saint-Ex en 1941 lors d’un séjour aux Etats-Unis. Elle faisait alors carrière à Hollywood et il était venu à Los Angeles à l’invitation de Jean Renoir. Comme il avait dû être hospitalisé pour une opération, elle lui rendait régulièrement visite et il commença à lui parler de ce thème de l’enfance qu’on garde à jamais en nous, même adulte. Un an plus tard, installé à New York, Saint-Exupéry appelait régulièrement Annabella pour lui lire au téléphone des passages entiers du Petit Prince qu’il venait d’écrire.

Anne-Marie porte d’ailleurs en germe des éléments qu’on retrouve dans ce fameux Petit Prince : l’inventeur cultive en effet des roses qu’il offre régulièrement à celle qu’il aime.  Avec les droits du film Saint-Exupéry s’acheta un avion Caudron Simoun dans lequel il tenta le raid Paris-Saïgon, mais son engin s’écrasa dans le désert de Libye où il fut retrouvé après trois jours d’errance. Une mésaventure qui lui inspira sans doute le début du Petit Prince.