On dit souvent que les cinéastes sont des buvards et qu’ils absorbent les émotions de la vie pour mieux s’en imprégner… Laila Marrakchi le prouve avec talent dans Rock the casbah son 2e film. L’histoire que vous venez de découvrir fait écho au propre drame familial vécu par la réalisatrice marocaine.

Au décès de son oncle, comme dans Rock the casbah, elle s’est de fait retrouvée en immersion au sein de sa famille. Trois jours de funérailles forcément émouvantes mais aussi éprouvantes car une fois passée la douleur du deuil, les tensions, les rivalités et les non-dits ont rapidement pris le dessus. La jeune femme avoue avoir découvert une facette méconnue de femmes qu’elle croyait pourtant proches d’elle… Hasard de la vie, sa cousine Morjana Alaoui, (que vous avez reconnu sous les traits de Sofia dans le film), était elle aussi présente. Elle avoue que cet événement intime l’a aidée à se dégager de son personnage, à le faire évoluer… Mais les points communs entre la réalité et la fiction étant trop forts, l’équipe sur le plateau s’est d’instinct comportée comme une fratrie ou une famille : acteurs ou techniciens passaient leur temps soudés, que la caméra tourne ou pas, jusqu’aux repas pris ensemble ou les nuits partagées dans le même hôtel…

Puisqu’on parle du tournage de Rock the casbah, notez que le choix de la ville où se déroule l’action a son importance. C’est à Tanger que Laila Marrakchi a finalement posé ses caméras, alors que Casablanca devait initialement accueillir l’équipe du film. Des raisons techniques sont principalement à l’origine de ce changement d’itinéraire mais au finale, la réalisatrice s’en félicite car dans cette cité considérée comme la porte du Maroc sur l’Europe, près du détroit de Gibraltar, souffle encore un vent de modernité et de liberté qui remonte sans doute à l’Antiquité. Les invasions romaines, arabes, portugaises, anglaises ou françaises ont laissé là-bas comme un goût de changement perpétuel dont le film tout entier s’est nourri…

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