VERS L'AUTRE RIVE

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Spécialiste japonais de l’horreur, Kiyoshi Kurosawa, qui n’a aucun lien de parenté avec Akira Kurosawa, a pour figure centrale de son œuvre, le fantôme. Mais à la différence de certains de ces films précédents comme Kaïro ou Rétribution, ici le spectre n’a pas vocation à effrayer mais plutôt à apaiser.

Mizuki est une jeune veuve dont le mari est mort en mer sans que l’on ait pu retrouver son corps. Trois ans après, cet époux, Yusuke, lui rend visite un soir. Il l’entraîne dans un parcours où le couple va revisiter ces trois années de séparation, multipliant les rencontres, permettant à chacun de redécouvrir l’autre.

Impossibilité du deuil mais aussi porosité de la vie et de la mort, les deux communiquant finalement sans cesse, sont au centre de Vers l’autre rive du cinéaste nippon qui pour une fois semble légèrement mettre de côté l’aspect très social de ses films pour faire place à l’émotion pure à travers, comme toujours, une mise en scène parfaitement maitrisée et inventive. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE DISAPPEARANCE OF ELEANOR RIGBY DE NED BENSON (Les points de vue différents d'un couple amoureux face à un événement tragique.) ou encore THE OTHERS D'ALEJANDRO AMENABAR (La confrontation entre le vivant et le mort, le possible et l'impossible.).

Après Real, sorti en 2013, Kiyoshi Kurosawa remet au centre de son œuvre un couple séparé, du moins physiquement.

En effet, dans son précédent long métrage, un jeune homme pénétrait, grâce à la technologie, la psyché de sa bien-aimée alors dans le coma suite à une tentative de suicide. Incapable de faire le deuil de l’autre, étouffé par l’incompréhension de son acte, il cherchait par tous les moyens, la solution pour la ramener à elle et donc à lui.

Dans Real, le déchirement de cet homme côtoyaient le surnaturel mêlant à la quête de l’amoureux des figures effrayantes sans véritables visages ou un dinosaure presque plus réaliste que symbolique. Ici, dans Vers l’autre rive,  à l’instar de Tokyo Sonata, une autre de ses précédentes œuvres, le cinéaste évoque de nouveau le couple mais met de côté le frisson et le fantastique qu’il n’évoque que par légères touches.

En effet, quand Yusuke, le défunt mari, apparaît, cela n’a rien d’effrayant. Cela est même presque logique.
En effet, dès le début du film, grâce à une présentation de l’appartement,  nous venions de voir que son image était partout.

Son absence cohabite ainsi en permanence avec sa femme qui semble ainsi ne l’avoir jamais quitté d’où son étonnante non-réaction lors de son apparition à la porte. Elle l’accueille comme si c’était normal qu’il soit là. Une évolution dans la filmographie du cinéaste qui jusqu’ici provoquait des sueurs froides avec ses spectres qu’ils soient bien visibles comme dans Kaïro ou non comme dans Shokuzaï. Mais si Vers l’autre rive fait clairement le choix du mélo, il n’en met pour autant pas sa mise en scène de côté.

Prix de la mise en scène au festival de Cannes de 2015 dans la section Un certain regard, le film prime par celle-ci, jouant en permanence intelligemment avec le son et l’image. C’est ainsi d’une musique légèrement dissonnante ou d’un décadrage dans l’image  que surgira le trouble entre vie et mort, réel et irréel. Et le cinéaste de jouer en permanence de cette frontière naturelle entre vivant et mort car chez Kurosawa, le fantôme n’apparaît pas : il existe déjà.

En effet, dans le dernier segment, par exemple, il est dit que Karuo, une femme présente à l’écran, « n’est déjà plus en vie ». Elle est morte vivante, éteinte de l’intérieur, comme les jeunes personnages de son film Kaïro. 

Et je le sais pourtant que je devrait être moins généreux envers ce film, et elle me titille cette part rationnelle en dedans de moi qui me dis que bon dieu, c'est beau, c'est très beau même, mais y'a pas de quoi en faire de la pâtée pour les canards. Mais que voulez vous, ...

« La vie ne peut être vécue qu’en allant de l’avant et comprise en revenant en arrière » de cette pensée de Douglas Kennedy, Yusuke pourrait faire sienne. Mort noyé en mer, il a effectué pendant trois un parcours hiératique de la mort et retrouve Mizuki sa veuve. Ensemble, ...

Que penser du dernier cru de Kurosawa? mon avis ne saurait être assez juste tant la fatigue accumulée tout au long de la semaine ne me permettait pas d'avoir la concentration nécessaire. Il est donc conseiller à tous ceux qui iraient le voir prochainement d’être attentif ...