UTOYA, 22 JUILLET

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Après le film qui va suivre, vous vous poserez sans doute la question suivante : le cinéma a-t-il pour rôle de recréer les horreurs générées par l’homme au cours de l’Histoire ?… Avant d’aborder cette thématique, un mot du contenu de cet Utoya, réalisé par le norvégien Erik Poppe.

Par le biais de la fiction, il revient sur la pire tragédie terroriste jamais connue par le royaume nordique : le 22 juillet 2011, un homme déguisé en policier ouvre le feu sur les jeunes participants d’un camp estival organisé sur l’île d’Utoya. Bilan effroyable : 69 morts et 33 blessés. Anders Breivik sera arrêté et condamné à la perpétuité…

L’histoire que vous allez découvrir n’est pas un documentaire mais bien un film de cinéma, qui se focalise sur les victimes et leurs familles, à travers celles et ceux qui ont survécu… Attention, le style et rude, radical et brut, sans fioritures esthétiques ou paraboles inutiles, incarné par des comédiens sur le fil, remarquables de dignité...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ELEPHANT (Erik Poppe comme Gus Van Sant n'expliquent pas mais montre l'horreur indicible et les dégâts d'une tuerie de masse, l'un sur une île, l'autre dans un campus...) ou encore VENDREDI 13 (Les rassemblements de jeunes sont une cible idéale pour les tueurs : qu'ils soient de fiction ou terriblement réels...).

Revenons donc à la question que je vous posais en commençant : le cinéma a-t-il pour vocation de mettre en scène l’indicible, c’est-à-dire de transformer en spectacle des actes ou événements horribles, tragiques parfois insupportables… Se le demander revient aussi à remettre en cause la pertinence du roman historique ou de la peinture qui, en leur temps et encore aujourd’hui, ont été les seuls témoins des grands carrefours de l’Humanité. La Bible, les papyrus égyptiens, les couloirs du Louvre et les rangées de la Bibliothèque Nationale sont remplis des récits terribles du temps passé…

Le 7e art, comme la photographie avant lui d’ailleurs, n’est que le reflet de son époque. Utoya est un des exemples récents d’une fiction basée sur une réalité atroce, mais souvenons-nous d’autres œuvres tout aussi terribles mais nécessaires… La Shoah en ce sens a fourni matière au devoir de mémoire : La liste de Schindler, Le fils de Saul ou La rafle chez nous abordent certes une histoire adaptée pour le cinéma mais basée sur des faits concrets, avérés et les témoignages de ceux qui sont revenu de l’enfer des camps… D’autres génocides ont trouvé leur nécessaire chemin sur nos écrans : La déchirure de Roland Joffé ou Le temps des aveux de Régis Wargnier à propos du règne des Khmers Rouges au Cambodge,Hotel Rwanda ouShooting dogs de Michael Caton-Jones et Terry Jones revenant sur le massacre des Tutsis par les Hutus dans ce pays d’Afrique ou encore Sarajevo mon amour de Jasmila Sbanic ou Au pays du sang et du miel d’Angelina Jolie, racontant l’un des épisodes du conflit entre serbes, croates et bosniaques sans oublier la mort de plus d’un million d’arméniens, relatée dans Ararat d’Atom Egoyan ou Une histoire de fous de Robert Guédiguian.

Et pour finir, puisque Utoya montre aussi les effets d’une tuerie de masse, rappelons que Gus Van Sant dans Elephant avait raconté de l’intérieur le cauchemar vécu par les victimes d’un attentat sur un campus américain…

Tout commence par une explosion au coeur d'Oslo, dans le quartier des ministères. Montrée sous l'oeil des caméras de surveillance, froides, fixes et détachées. Et la rumeur qui court sur une petite île d'une attaque terroriste. Une rumeur, seulement. On se demande pourquoi ...

Cette critique ne spoile pas le film Utoya, 22 Juillet. Néanmoins, elle relève un bon nombre d’éléments, notamment techniques, en ce qui concerne le film, et n'est par conséquent pas conseillée pour celles et ceux voulant découvrir cette œuvre par eux-mêmes. La terreur, ...

Erik Poppe - il l’a déjà prouvé avec son film « The King’s Choice » (2016), multi-nominé - aime à se pencher sur l’Histoire de son pays. Avec ce septième long-métrage, d’ores et déjà très remarqué dans divers festivals internationaux, il ravive le souvenir ...