UNE FEMME D'AFFAIRES

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Disparu en 1998, Alan J. Pakula a marqué le cinéma américain des années 70 avec de solides thrillers politiques comme Les Hommes du président ou A cause d’un assassinat. Le réalisateur connaissait bien Jane Fonda. Quand elle lui propose en 1981 de mettre en scène Une femme d’affaires, qu’elle produit à travers sa société IPC Films, ils avaient déjà travaillé ensemble sur Klute, un polar qui avait valu un Oscar à la comédienne puis Le Souffle de la tempête,

Aux débuts des années 80, l’actrice milite pour des causes politiques ou écologiques qui lui tiennent à cœur. Elle voit dans le scénario de finance fiction d’Une femme d’affaires mêlant histoire d’amour et suspense, matière à alerter l'opinion publique sur le fait que Wall Street tire les ficelles du pouvoir. 

Jane Fonda s’attribue le rôle d’une ex-star de cinéma, dont le mari a été mystérieusement assassiné, face à Kris Kristofferson, tout juste sorti de La Porte du paradis, ici en jeune spéculateur ambitieux. Des combines financières les rapprochent dans un premier temps, puis les sentiments s’en mêlent. Ils sont beaux, riches et célèbres, et vont bientôt mesurer combien la finance internationale est un univers impitoyable. 

 

 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver WALL STREET (Une description de magouilles dans l'univers de la finance) ou encore KLUTE (Une réalisation Alan J. Pakula également interprétée par Jane Fonda).

« Dans ce monde de la haute finance, la chose la plus érotique c'est l'argent », expliquait Jane Fonda à la sortie du film. Elle ajoutait : « je n’ai pas beaucoup de sympathie pour cette femme d'affaires que j’interprète, mais c'est une joueuse qui prend son plaisir en risquant sa fortune et même sa vie ». En fait, après avoir incarné des héroïnes qui prennent conscience des réalités du monde dans Julia ou encore Comment se débarrasser de son patron, l’actrice trouvait dans ce rôle l’occasion de jouer un personnage égoïste et antipathique.

Avec le recul du temps, Jane Fonda porte un regard amusé sur le casting du film et le couple qu’elle formait à l’écran avec Kris Kristofferson. « Je ne peux m'empêcher de sourire à l'idée que nous jouions tous les deux des personnages importants de la haute finance, écrit-elle dans ses mémoires. J'arrive à peine à lire une déclaration de pertes et profits et Kris... Disons simplement qu'un homme qui a traversé les Etats-Unis en stop dans les années 60 avec Janis Joplin et écrit « la liberté n'est qu'un mot de plus pour dire qu'on a rien à perdre » n'est pas exactement quelqu'un à l’aise avec les mécanismes de la bourse. Kris avait une personnalité intéressante : après avoir obtenu une bourse pour Oxford, il a travaillé sur une plateforme pétrolière au large du Texas. Doué d'un sens profond de la justice, il a su exprimer dans ses chansons l'angoisse de vivre comme peu l'ont fait. Travailler avec quelqu'un qui avait lui aussi une vie en dehors du monde du cinéma était un vrai plaisir ».

De son côté, Kristofferson a été particulièrement perturbé d’avoir eu à raser sa barbe pour coller à son personnage de jeune loup de la finance. Il explique que pour lui la barbe est comme une protection : « je me sentais nu sans elle, très exposé. En fait, je n'étais pas fait pour ce film mais Jane et moi voulions travailler ensemble et avec Alan J. Pakula. Alors je l'ai fait quand même !»