SOY CUBA

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En 1959, pendant que la guerre froide s'installe, Cuba et l'URSS se réchauffent autour d'une entente cordiale depuis que Fidel Castro a pris la tête de l'île. Ce qui se traduit par un partenariat entre les industries de cinéma, qui verra Mikhaïl Kalatozov diriger un film à la gloire de la révolution castriste.

Soy Cuba est composé de quatre récits pour exprimer l'identité cubaine dans des années 60 des plus mouvementées : du contraste entre le quotidien d'une femme vivant en bidonville et celui des casinos à une hiérarchie sociale restée à un stade médiéval, dépeinte dans les relations entre un coupeur de canne à sucre et son propriétaire. Du parcours d'un étudiant tenté par la violence militante à celui d'un fermier qui refuse de rejoindre la guerilla.

C'est pourtant une autre révolution,que met en place Soy Cuba, film de propagande détourné par son réalisateur – et son chef-opérateur, Sergei Urusevsky- en exceptionnel manifeste d'un cinéma libéré de certaines contraintes . Si le contenu peut être remis en question, la forme, elle, ne cesse de s'affranchir des codes usuels, d'enchaîner de stupéfiantes prouesses techniques, prenant des décennies d'avance. Avec le recul, Soy Cuba n'est sans doute qu'un témoignage de pacotille sur la vie sous Castro, mais une démonstration magistrale de la puissance de la mise en scène, que l'on pourrait rebaptiser, Soy Cinema !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver EPICENTRO (Un portrait de la Havane et de son passé colonial) ou encore AVANT LA NUIT (Une autre immersion dans le Cuba sous Castro.).

Lorsque Mikhaïl Kalatozov est recruté par les autorités culturelles russes pour réaliser Soy Cuba, il dispose d'un statut singulier : la Palme d'or qu'il a reçue pour Quand passent les cigognes en font une figure consacrée alors qu'il a signé avec cette fresque un film s'extirpant du carcan patriotique, plus proche des grands mélos hollywoodiens que des odes au communisme voulues par l'URSS. Le régime de Nikita Khrouchtchev décide le prendre à son propre jeu. Cinéaste placardisé quand Staline était au pouvoir, Kalatozov doit ravaler ses nouveaux lauriers en se voyant commander un film à la gloire de la révolution castriste.

Kalatozov décroche toutefois une compensation non négligeable : Moscou comme La Havane metttent à sa disposition toute l'aide possible au service de Soy Cuba. Ainsi, des milliers de soldats cubains seront appelés, alors que la fameuse crise des Missiles cubains a mis le feu aux poudres dans les relations diplomatiques avec les USA, à venir figurer dans une poignée de scènes. Kalatozov et Urusevsky, ont par ailleurs champ libre pour développer toute les expérimentations techniques, d'une caméra amphibie jamais encore utilisée à un procédé de poulies et de crochets auxquels sera suspendu le caméraman pour de sidérants effets d'apesanteur.

Soy Cuba sera pour autant tributaire de son statut d'oeuvre de commande étatique : il sera mal reçu jusque par les publics cubain et russe, pas dupes de sa vision schématiquement pro-Castro. Ses sorties à l'étranger étant réduites à peau de chagrin, entre autres par pression des Etats-Unis, profitant de l'embargo mis en place pour le bloquer. Il faudra attendre l'effondrement de l'URSS pour que Soy Cuba réapparaisse, chaperonné cette fois-ci par Martin Scorsese et Francis Ford Coppola qui chanteront ses mérites et aideront à une restauration d'un film majeur par sa virtuosité formelle, devenu malgré lui une date dans l'histoire du cinéma.

Parabole révolutionnaire, Soy Cuba est certes un film de propagande : lorsqu’un soviétique traite de la chute de Batista, l’objectivité n’est pas de mise. Divisé en quatre histoire distinctes, le film prend la forme de récits intimes dont les diverses démonstrations ...

Le début est assez éloquent, après avoir contemplé Cuba vu du ciel ainsi que ses belles côtes au bord de la mer, on découvre Cuba sous l'emprise du régime de Batista, un Cuba gangrené par l'argent des américains capables de tout acheter, même les humains. La première ...

D'emblée, nous sommes plongés dans l'ambiance. Le générique nous montre un Cuba qui se déroule devant nous comme un paradis terrestre, avec une population heureuse vivant en communion avec la nature, le tout sur fond de musique mélancolique et avec un poème qui s'écoule ...