RELAXER

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Attention, film délicieusement barré. Dans une chambre qui sent bon les chaussettes sales et la transpiration, Abby reste cloué sur son canapé non-stop. Soumis à un frère dictatorial, il doit battre un record du monde pour pouvoir se lever. Parmi ces défis, atteindre le niveau 257 de Pac Man. C’est absurde, c’est parfois con mais pas que.

Parce que Relaxer capture l’essence d’une époque. Celle de la Nintendo 64, des jeux de skate Tony Hawks, les lunettes 3D rouges et bleues, des K7 vidéos, d’un dessin de Bart Simpson le zizi à l’air, des dreadlocks sur les mecs blancs, bref : la fin des années 90. Ne manque plus que la musique de Korn et un épisode de Friends.

Mais c’est aussi un univers de cinéphilie de geek, qui cite Jerry Maguire et Total Recall. Car oui Relaxer se passe fin 1999, époque où la plus grande angoisse du monde était le grand bug de l’an 2000. Le film exploite justement cette ambiance post-apocalyptique dans ce huis-clos. Son héros, totalement bloqué, rappelle le personnage principal de Buried de Rodrigo Cortés, qui était enfermé dans un cercueil. Sauf qu’ici, le cercueil est un fauteuil d’où on ne peut pas bouger. Pourtant, il faut bien arriver à se nourrir et à boire.

Petit à petit, Relaxer montre la revanche des geeks, ces gros losers longtemps moqués et qui règnent désormais sur les industries du cinéma, du jeu-vidéo et d’internet. On pense à Cronenberg dans ce rapport au corps et à la machine (ExistenZ sort en 1999, est-ce un hasard ?), mais aussi la fusion du corps avec le canapé. Véritable ovni que ce Relaxer. Un ovni de Space Invader peut-être.