MIRANDA en VOD
- De
- 1985
- 99 mn
- Érotique
- Italie
- - 12 ans
- VF - HD
PARCE QUE
Pour Miranda, Tinto Brass s’inspire librement de la pièce de théâtre La Belle Aubergiste de Carlo Goldoni. Mirandolina se transforme en Miranda et, cette fois-ci, aucun homme ne lui résiste. Tout comme Carlo Goldoni, Tinto Brass a horreur des masques et les fait tomber un à un pour révéler la vraie nature de chacun, sans filtre, sans pudeur, et dans leur plus simple appareil. Ici, la structure de la pièce de théâtre est reprise avec la présentation d’un cortège de personnages forts et bien définis, le ton envolé du vaudeville, et un découpage scénaristique proche de la saynète. Le décor principal est celui du petit village de Pomponesco perdu au fin fond de la plaine du Pô traversée par le fleuve éponyme. Notre héroïne évolue à la façon de cette étendue bleutée, vive, tumultueuse et généreuse.
Miranda nous plonge dans l’Italie d’après-guerre. Le pays peine à se reconstruire, et le peuple retrouve peu à peu ses marques. La vie, particulièrement dure dans les milieux ruraux, s’organise autour de l’Eglise, et bien évidemment … autour de l’auberge qui lui fait bien souvent face ! Les hommes qui se retrouvent au chevet de notre tenancière incarnent tour à tour cette période si particulière. Nous retrouvons d’un côté l’ex-fasciste en exil, de l’autre l’américain qui n’a pas encore quitté le pays. Et aussi le routier de passage, et le garçon d’auberge, témoin de la valse qui anime tout ce petit groupe. Nous sommes entraînés avec délices dans une danse de va et vient aussi bien propres que figurés.
C’est grâce à son interprétation de Miranda que Serena Grandi se fait connaitre du grand public. Bien qu’on la retrouve déjà dans plusieurs productions italiennes, dont Anthropophagous de Joe d’Amato, Serena est révélée ici par la mise en scène de ses formes particulièrement plantureuses. Loin de nos canons de beauté contemporains, celle-ci aborde une silhouette ronde, pleine, et décomplexée. Des cuts précis nous présentent son anatomie et pourraient presque l’objectifiée s’ils n’étaient contrebalancés par une trame scénaristique la mettant toute à son honneur. Miranda mène sa vie comme elle l’entend, et est l’actrice principale de celle-ci, allant jusqu’à refuser les avances de quelques amants jaloux et possessifs. Le point de vue adopté est exclusivement le sien, mettant au ban le regard masculin de ses congénères.
Au travers de décors vaporeux, tantôt envahis par la brume nocturne et par les fumées de cigarettes, Tinto Brass partage avec nous l’oeuvre d’une Italie rêvée. A mi-chemin entre la sexy comédie italienne, et le Wirtinnenfilme allemand, Miranda est un songe bercé par les notes voluptueuses de Riz Ortolani qui signe une bande originale aux notes joyeuses, suaves et nostalgiques. Le mélange parfait entre le film érotique gentiment paillard, et le film d’auteur enchanté par la caméra d’un des réalisateurs les plus sulfureux de la grande Botte.