MIDNIGHT TRAVELER

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En 2015, la tête du réalisateur afghan Hassan Fazili est mise à prix par les talibans qui n’apprécient pas ses films ni les activités du café culturel qu’il a ouvert. Le cinéaste choisit alors de se réfugier en Europe avec sa femme et leurs deux fillettes. Or il n’a pas de visa d’entrée… Filmé avec les trois téléphones portables qu’ils emportent, Midnight Traveler raconte ce périple clandestin de 5600 kilomètres parcourus en de plus de deux ans.

L’épopée éprouvante vécue par la petite famille émeut parce qu’elle constitue un témoignage à hauteur d’homme sur le quotidien et le temps qui passe. La tragédie de l’Afghanistan, et au-delà celle de l’exil et des migrants, se perçoit intensément dans ces journées d’attente, de peur, de froid qu’il faut subir pour espérer vivre libre.

Midnight Traveler n’est pas un reportage mais un véritable documentaire. Il puise sa force dans le regard de son auteur, et en particulier dans des images ou des moments tout simples qui touchent tout un chacun : les cheveux d’une fillette que le vent chahute par la fenêtre d’une voiture ou encore l’inévitable chute pendant une leçon de bicyclette dans un parc.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ESCALE (Des migrants dans l'attente de rejoindre d'autres pays occidentaux transitent par un appartement à Athènes.) ou encore LES HIRONDELLES DE KABOUL (Une fiction située dans l'Afghanistan de 1998 alors que les talibans sont au pouvoir.).

Midnight Traveler n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien de sa productrice Emelie Mahdavian. Installée aux Etats-Unis, elle avait programmé un film de Hassan Fazili dans un festival et lorsqu’elle a appris que sa sécurité et celle de sa famille étaient menacées elle a lancé une campagne en sa faveur. Quand le réalisateur a décidé de quitter son pays, elle a dès le départ apporté son soutien logistique pour qu’il puisse garder une trace de cet exil. Hassan Fazili enregistrait ses rushes sur des cartes SD que des contacts locaux copiaient et envoyaient à la productrice qui est également scénariste et monteuse du film. Dès qu’elle avait reçu les rushes aux USA, Hassan Fazili pouvait effacer les anciens rushes et libérer de la place pour de nouvelles séquences.

Rarement filmer aura été aussi vital. Dès que leurs pérégrinations illégales ont commencé, le désir d’en faire un film s’est imposé à Hassan Fazili. Son enthousiasme n’était pas toujours partagé. « Je n’arrêtais pas de dire à mes proches que ça allait être un documentaire génial, raconte-t-il. Parfois ils n’osaient pas me dire qu’ils avaient très peur pour nos vies. Moi-même je ne savais pas si nous allions rester vivants ou pas, mais je ne voulais pas songer à la mort. Le film représentait une forme d’espoir pour ma famille et moi, il nous a maintenus en vie. »

Hassan Fazili a perdu un oeil à l’adolescence alors qu’il travaillait en usine. La découverte du cinéma lui a donné « le sentiment de recouvrir la vue, de poser un regard nouveau sur le monde ». En tournant ce film, il a vécu une expérience paradoxale et il ne cessait de s’interroger sur sa place : était-elle celle d’un père ? celle d’un réalisateur ? « C’était parfois très compliqué de filmer, déclare-t-il, car je ne savais pas si nous allions survivre ou pas. Mais même dans ces moments-là, je filmais. Je me disais que si je mourais, quelqu’un trouverait mon téléphone portable, le numéro de mon collègue, et pourrait lui envoyer les images. Et qu’il en ferait peut-être quelque chose de magnifique, même sans moi. »

Un couple de réalisateur.es de cinéma, et leurs deux petites filles, doivent fuir l’Afghanistan sous la menace des talibans. Ils filment leur épopée avec leurs téléphones portables. Le documentaire est extrêmement touchant. Les parents ont un regard tendre sur leurs enfants ...