LES TROIS MOUSQUETAIRES

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En octobre 1948, lorsque les Trois Mousquetaires est présenté aux spectateurs américains, George Sidney, son réalisateur, ainsi que Gene Kelly et Lana Turner, ses principaux interprètes, sont au sommet de leur art et de leur gloire.

Après avoir été comédien, George Sidney devint, en 1941, réalisateur de courts métrages, avant de signer un contrat avec la Metro-Goldwyn-Mayer, studio pour lequel il mettra en scène de nombreuses comédies musicales – et parfois aquatiques – comme le Bal des Sirènes avec Esther Williams. Il tournera, aussi, quelques drames, comme Eternel tourment, en 1947, avec Spencer Tracy, la cinquantaine, amoureux d’une jeunesse de 26 ans, alias Lana Turner, que le cinéaste retrouve, donc, un an plus tard, dans le rôle de Milady de Winter, femme fatale du 17e siècle français, en robe longue et strict corset, comme elle avait été, deux ans plus tôt, femme fatale, en short moulant et maillot de bain blanc, dans le Facteur sonne toujours deux fois.

Gene Kelly a, lui aussi, déjà tourné avec George Sidney. D’abord dans Pilot n°5, un film de guerre et d’amour, puis dans Parade aux étoiles, une première comédie musicale, et dans Escale à Hollywood, une seconde comédie musicale dans laquelle il dansait avec Jerry, la souris de Tom et Jerry ! Les voilà donc, tous les trois, réunis en compagnie de June Allyson en Constance Bonacieux, d’Angela Lansbury en Anne d’Autriche, de Frank Morgan en Louis XIII et de Van Heflin en Athos. Je n’oublie pas, évidemment, Vincent Price en cardinal de Richelieu, le Premier ministre de Louis XIII, volontairement moins cardinal que Premier ministre, pour éviter de froisser certains groupes religieux, possiblement hostiles aux représentations, pas toujours avantageuses, d’éminentes éminences !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FANFAN LA TULIPE (1952) (Aventures, jeunesse, honneur sauvé, amour vainqueur, les aventures de Fanfan, sous Louis XV, rappellent celles de D’Artagnan, sous Louis XIII.) ou encore LES AVENTURES DE ROBIN DES BOIS (1938) (« Un pour tous, tous pour un ! » pourrait être la devise de Robin des Bois et ses amis, tous unis pour que Richard Coeur de Lion retrouve son trône.).

Ainsi s’achève la 17e version cinématographique des Trois Mousquetaires, sans doute la plus luxueuse, sinon la plus historiquement sérieuse. Par exemple, l’action est censée se dérouler en 1625, or, en 1625, le roi de France, Louis XIII, a tout juste 24 ans, ce qui n’empêche pas Hollywood de le faire jouer par un comédien de presque 60 ans, l’excellent Frank Morgan, ex-magicien d’Oz et ex-patron de James Stewart dans The Shop Around the Corner, d’Ernst Lubitsch.

Dans le même genre, d’Artagnan est censé avoir 18 ans, quand Gene Kelly avoue une trentaine, bien tassée. 36 ans, exactement ! En revanche, Anne d’Autriche, 24 ans en 1625, est incarnée par la toute jeune Angela Lansbury, 22 ans, récemment découverte en soubrette délurée, au service de Charles Boyer et d’Ingrid Bergman, dans Hantise, de George Cukor. Dans les années 1980-1990, elle sera l’héroïne de la fameuse série télévisée et policière, Arabesque. « Le nom d’Alexandre Dumas est plus que français, il est européen ; il est plus qu’européen, il est universel », écrivait Victor Hugo en 1872, c'est-à-dire deux ans après la mort dudit Alexandre Dumas et 23 ans avant l’invention du cinématographe. Nous parlons ici, bien sûr, d’Alexandre Dumas père et non d’Alexandre Dumas fils, auteur, quant à lui, de la Dame aux camélias – ce qui n’est déjà pas si mal. C’est à 42 ans, et en compagnie de son fidèle nègre Auguste Maquet, qu’Alexandre Dumas fit paraître les aventures de d’Artagnan, d’abord en feuilleton dans les colonnes du journal le Siècle, puis dans un livre qui, à partir de 1898, allait régulièrement être porté à l’écran. Parmi tous ces films, on retiendra les versions de Georges Méliès en 1909, d’André Calmettes en 1912, de Fred Niblo, avec Douglas Fairbanks, en 1921 et celle d’Henri Diamant-Berger, avec Aimé Simon-Girard, un sérial en 12 épisodes, tourné, également, en 1921. Après George Sidney, d’autres cinéaste dirigeront d’autres acteurs dans le rôle de l’intrépide Gascon, entre autre : André Hunebelle dirigera Georges Marchal ; Mauro Bolognini, Jeffrey Stone ; Bernard Borderie, Gérard Barray ; Richard Lester, Michael York ; Stephen Herek, Chris O’Donnell et Peter Hyams, Justin Chambers, face à Catherine Deneuve et Daniel Mesguich en reine et roi de France.

Mais, le personnage de d’Artagnan n’apparaît pas uniquement dans les Trois Mousquetaires, Vingt ans après, le Vicomte de Bragelonne ou, encore, le Masque de fer. Pas du tout ! Souvenez-vous, il fut, également, incarné, par Gérard Philipe dans Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry, par Jean-Pierre Cassel dans Cyrano et d’Artagnan d’Abel Gance, par Philippe Noiret dans la Fille de d’Artagnan de Bertrand Tavernier et, même, par Gérard Depardieu dans Blanche de Bernie Bonvoisin.
On ne prête qu’aux riches et, évidemment, les Trois mousquetaires a été la cible de parodies, dont les plus célèbres restent celles de Max Linder, l’Etroit mousquetaire – « étroit » au sens « pas large » –, celle d’Allan Dwan en 1939, rebaptisée en France les Trois Louf’quetaires et dans laquelle les Ritz Brothers – les rivaux, aujourd'hui oubliés, des Marx Brothers – jouaient trois laquais très maladroits, celle de Gilles Margaritis, les Quatres mousquetaires, un court métrage d’une trentaine de minutes, sans oublier les inévitables Exploits amoureux des trois mousquetaires, une production, à la fois, érotico-soft et ouest-allemande !

Ce n'est pas être nostalgique que de dire que les meilleures versions des Trois Mousquetaires et de Robin Des Bois sont probablement parmi les plus anciennes, c'est confirmé ici. Il fut une époque où réaliser un film impliquait de respecter le spectateur, on travaillait donc ...

Cette version très hollywoodienne reste flamboyante même si elle prend énormément de libertés avec le roman d'Alexandre Dumas ; malgré ça, on serait tenté de dire que c'est une des meilleures versions, qui conserve un grand panache et se hisse légèrement devant les 2 ...

Voilà une adaptation du roman de Dumas que j'aurai certainement adoré dans ma prime enfance. De l'action, de grands éclats de rires et tapes dans le dos, des épées s'entrechoquant, un D'Artagnan bondissant comme un cabri incarné par un Gene Kelly au mieux de sa forme, un ...