LES PETITS FILS

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A 24 ans, Guillaume vit toujours chez Régine, sa grand-mère paternelle. Tous deux entretiennent des relations aussi burlesques que tumultueuses. Tous deux se sont habitués à une urne déposée sur le balcon. Dans cette urne, les cendres de la mère de Guillaume, récemment décédée. Leur problème, c’est qu’ils ne parviennent pas à s’en séparer… Tel est le point du départ du troisième long métrage du cinéaste Ilan Duran Cohen, après Lola Zipper en 1991 et La Confusion des genres en 2000.

 De son propre aveu, le cinéaste a voulu avec Les Petits fils réaliser un film « plus intimiste » que sa précédente réalisation, La Confusion des genres. Mais également un film réalisé en dehors des sentiers de production classiques, avec les moyens du bord, c’est à dire en recourant à une caméra numérique, une « caméra-plume », comme le dit Ilan Duran Cohen. Avec cette légèreté, le romancier qu’il est à l’origine voulait enfin retrouver les sensations d’écriture du roman.

Pour ce film, le cinéaste semble appliquer sur grand écran la formule chère à l’écrivain Louis Aragon : le « mentir-vrai ». De fait si le lien de parenté qui unit Guillaume et sa grand-mère est bien le reflet de la réalité des deux « acteurs » principaux du film, tout le reste est du ressort de la fiction orchestrée par le scénariste et cinéaste. Et ce dernier de raconter : « Nous avons tourné avec deux caméras. Pendant les prises, je parlais aux comédiens, je leur disais quoi  faire. » Retrouvons les maintenant !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHANTE TON BAC D'ABORD (Comme Ilan Duran Cohen, David André mêle étroitement la vraie vie de ses comédiens et les personnages de fiction qu'ils incarnent à l'écran.) ou encore POETRY (Le film de Lee Chang-Dong évoque lui aussi les relations entre un petit-fils et sa grand-mère.).

La nécessité de faire son deuil, tel semble bien être le thème qui sous-tend le film de Ilan Duran Cohen, lui donnant sa gravité et sa profondeur. Sans pour autant délaisser l’humour et la légèreté, comme s’en est expliqué le cinéaste lors de la sortie du film : « Je ne conçois pas d’écrire un roman ou de faire un film sans humour et j’aime avoir des personnages qui disent  ce qu’ils pensent sans détour et sans hypocrite : ils sont dans la franchises, expriment leurs sentiments et leurs opinions de façon directe. »

Comme on l’a vu, le personnage de Guillaume refuse clairement de faire le deuil de sa mère décédée, s’accrochent à son souvenir et refusant du coup de s’avouer à lui-même l’amour très important qu’il porte à sa grand-mère. Comme si les deux sentiments ne pouvaient coexister. Et alors même que c’est cette grand-mère qui l’a élevé et non sa mère qui l’a abandonné à l’âge de deux ans. Et Duran Cohen d’aller plus loin encore : « En laissant les cendres sur le balcon de sa grand-mère, c’est une manière de dire à sa mère : « Tu m'as  laissé quand j’étais enfant et tu m’as condamné à vivre avec un autre femme, aujourd’hui, c’est ton tour !

On aura noté avec intérêt que l’auteur de la musique des Petits fils n’est autre que le cinéaste Bertrand Bonello. Le cinéaste notamment de Tiresia, L’Apollonide et Saint Laurent a egalement une formation de musicien classique, ayant accompagné en outre de nombreux artistes comme Françoise Hardy, Gérald de Palmas ou Daniel Darc. Ilan Duran Cohen a raconté lui avoir donné la feuille de route suivante : « Je lui ai demandé de se mettre dans la peau d’un des personnages, en l’occurrence la mère de Guillaume. J’envisageais la musique  comme une manière pour la mère de communiquer avec son fils. »