LES MOISSONS DU CIEL

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Il est des films qui changent à jamais la destinée non seulement de leur auteur, mais aussi de leurs protagonistes principaux. Les Moissons du ciel est de ceux-là, conférant une aura de génie à Terrence Malick qui deviendra l’un des réalisateurs les plus rares et mystérieux, exclusivement consacré à son art. Le film révélera une star hollywoodienne en la personne de Richard Gere, alors quasiment inconnu à l’époque.

C’est à une bataille entre progrès et tradition qu’on assiste dans ces Moissons du ciel, à travers l’histoire d’un ouvrier, Bill, de sa compagne et de sa sœur, qui se voient contraints de quitter la ville de Chicago pour la campagne du Texas pour y faire les moissons. La Première Guerre mondiale a éclaté depuis deux ans et les esprits s’échauffent. Tant et si bien que les passions ne manquent pas de dévorer les principaux protagonistes, Bill acceptant que sa compagne cède aux avances d’un riche fermier gravement malade. Mais elle tombe amoureuse de celui-ci… 

Entre moisson à la main, arrivée du chemin de fer, avions qui surplombent les champs, le film témoigne d’une puissante poésie à travers des images qui esthétisent davantage la nature que les hommes, comme Malick le fera dans ses longs métrages suivants. Le film a obtenu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes de 1979 et l’Oscar de la meilleure photographie en 1978. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FIÈVRE DANS LE SANG (Une petite ville de province américaine, une union impossible entre deux amants que tout sépare.) ou encore LES RAISINS DE LA COLÈRE (Les difficultés financières qui poussent les héros à changer de voie : pourquoi pas celle de l'agriculture ?).

Si Les Moissons du ciel a fait sensation à sa sortie, sans toutefois faire trop de bruit au box-office et est reconnu aujourd’hui comme un chef d’œuvre intemporel, tout ne fut pas idyllique sur le plateau, loin de là. Le caractère ombrageux et taiseux du réalisateur, ultraperfectionniste, en a désarçonné plus d’un. Les techniciens tout d’abord, tant la vision de Terrence Malick était précise, jusqu’au moindre épi de blé. Le réalisateur ne voulait filmer qu’à une certaine heure de la journée, vers le crépuscule, pour donner une teinte particulière au film. Le directeur de la photographie, Nestor Almendros, alors en train de perdre de la vue, dut prendre des Polaroïd de chaque scène afin de mieux les analyser et conseiller Terrence Malick.

Sensé se situer au Texas et tourné finalement au Canada, le film a dépassé tous les objectifs de délais et de budget prévus. Le producteur Bert Schneider, celui d’Easy Rider, dut hypothéquer sa maison et l’acteur principal, Richard Gere lui non plus ne garde pas un souvenir heureux d’un film qui a pourtant lancé sa carrière. L’acteur et le réalisateur ne s’entendaient guère. Richard Gere avait été subjugué par La Balade sauvage, mais il déchanta sur le plateau en observant le futur maître tourner. Pourtant, ce n’est pas Richard Gere, qui ne s’était illustré que sur des séries télé, qui était prévu à la base, mais John Travolta, alors star montante, qui dût décliner la proposition.

Terrence Malick mit vingt ans avant de filmer à nouveau. Ce fut pour La Ligne rouge en 1998 où il reprit instantanément ses vieilles habitudes, interdisant même aux producteurs de venir sur son plateau. Mais depuis la consécration cannoise de Tree of life en 2011 et conscient que le temps passe trop rapidement, Malick enchaîne les projets. On lui doit notamment A la merveille avec Ben Affleck ou encore Knight of cups avec Christian Bale et Natalie Portman.

- Bonjour, je m'appelle Guy Ness, et je suis Malickien depuis... mon dieu, 13 ans déjà. (la salle:) - Bonjour Guy Ness (Steven, parrain de Guy Ness, s'adressant à la foule:) - Notre ami Guy est avec nous ce soir, même s'il n'est pas encore sorti de son addiction. Mais cela ...

Il fut un temps, aujourd’hui reculé, où Malick racontait des histoires. Revenir aux origines de son cinéma, avant la grande ellipse de sa carrière et son retour désormais un peu trop prolifique, permet de déterminer la naissance d’une esthétique et les origines d’une ...

Il paraît que ce film, pourtant récompensé à Cannes à l'époque, fut un échec commercial, ce que j'ai du mal à croire tant je suis encore sous le choc d'une réalisation qui est un véritable poème visuel : des plans d'une beauté qui laisse pantois, le chef opérateur ...