LE MAGICIEN D'OZ

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Comédie musicale produite en 1938-39 par la Metro Goldwyn Meyer, Le Magicien d’Oz, au fil des années, et des décennies, est resté unanimement adoré. Rien ne fut simple, pourtant, dans la préparation et le tournage de ce film, à l’époque le plus onéreux projet de la MGM. D’abord, si les scénaristes ne sont que trois au générique (Noel Langley, Florence Ryerson et Edgar Allan Woolf), ils sont quatorze à s’être penché sur le matériau original, le roman publié en 1900 par l’acteur et écrivain Lyman Frank Baum. Ensuite, Richard Thorpe fut débarqué après deux semaines de tournage par Mervyn LeRoy le producteur du film, et ses scènes furent entièrement refaites par Victor Fleming. King Vidor tourna les parties en noir et blanc/sépia qui ouvrent et ferment le film au Kansas. George Cukor aurait également mis la main à la pâte. Mais c’est finalement Victor Fleming qui signa seul la mise en scène. Comme il signa seul, la même année, une autre production pharaonique et légèrement compliquée, commencée par George Cukor et Sam Wood, et qui n’est autre qu’Autant en emporte le vent.
Pour le rôle de Dorothy, le studio avait un instant envisagé d’engager la star enfant Shirley Temple, qui avait alors dix ans et avait débuté à Hollywood sept ans plus tôt. Mais la 20th Century Fox refusa de la «prêter» et c’est donc Judy Garland, seize ans dont trois de carrière cinématographique, qui hérita du personnage de cette gamine rêvant d’aller voir de l’autre côté de l’arc en ciel.
Il y a dix chansons dans Le Magicien d’Oz, signées par Harold Arlen pour la musique et E.Y. Harburg pour les paroles. «Over the Rainbow», qui reste aujourd’hui encore l’emblème de cette comédie musicale, faillit bien ne pas y figurer car, lors des premières projections, d’aucuns trouvaient que la scène était trop longue et que, de plus, une jeune fille chantant entourée de meules de foin, de cochons et de poules n’était pas très romantique. La face du monde aurait pu en être changée… au moins la face du cinéma, en tout cas !
Le technicolor utilisé pour toute la partie «fantastique» rend justice au travail du fameux directeur artistique Cedric Gibbons, aux somptueux décors d’Edwin B. Willis et aux magnifiques costumes signés Adrian.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ALICE AU PAYS DES MERVEILLES DE CLYDE GERONIMI ET WILFRED JACKSON, (ALICE IN WONDERLAND, 1951) ou encore LE MAGICIEN D’OZ DE SIDNEY LUMET (THE WIZ, 1978) .

La chienne Terry (1933, 1944), qui interprète Toto, fut, en huit ans de carrière, dirigée entre autres par Fritz Lang dans Fury (1936), Cecil B. DeMille dans Les Flibustiers (The Buccaneer, 1938) et George Cukor dans Femmes (The Women, 1939). Une filmographie à faire pâlir !
Judy Garland était née Frances Ethel Gumm, le 10 Juin 1922 à Grand Rapids, Minnesota, dans une famille d’acteurs, chanteurs, danseurs et baladins. La légende veut qu’elle ait débuté sur les planches d’un music-hall dès son plus jeune âge, dans les bras d’une de ses sœurs, et qu’à deux ans, il était impossible de la faire sortir de scène sans déclencher chez elle des colères terribles. D’une enfance difficile, bringueballée de ville en ville et de théâtre en théâtre, Judy Garland ne s’est vraisemblablement jamais remise, pas plus que de la mort de son père alors qu’elle n’avait que treize ans et venait juste de signer un contrat avec la firme cinématographique MGM à Hollywood. La vie de cette immense chanteuse et comédienne ressemble à un inventaire aux accents tragiques : régimes à répétition pour la maintenir dans les critères de beauté de l’époque, cinq mariages et autant de divorces, trois enfants de deux pères différents, de nombreuses aventures amoureuses qui défrayent la chronique, plusieurs séjours en cure de désintoxication et tentatives de suicides. Elle est morte d’une overdose de barbituriques le 22 juin 1969, elle avait juste quarante-sept ans et était en tournée en Angleterre avec sa fille aînée Liza Minnelli.
Epouse de Vincente Minnelli pendant cinq ans, elle tourna avec lui quatre grands films dont Le Chant Missouri (Meet Me in St. Louis, 1944), et Le Pirate (The Pirate, 1948). Souvent associée à Mickey Rooney dans la série très populaire outre-Atlantique des Andy Hardy…, elle est inoubliable dans Une étoile est née de George Cukor (A Star is born, 1954) et Un enfant attend de John Cassavetes (A Child is waiting, 1962).
La chanson Over the rainbow resta toute sa vie l’un de ses titres fétiches, que le public entonnait avec elle au cours de ses concerts. De Sailor et Lula de David Lynch à Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton, en passant par Reservoir Dogs de Quentin Tarantino, Le Magicien d'Oz est sans doute un des films auquel le cinéma rend le plus souvent hommage à travers cette chanson, mais aussi des citations littérales de dialogues comme «Toto, I have the feeling we’re not in Kansas anymore / Toto, j’ai l’impression que nous ne sommes plus au Kansas», ou des références récurrentes à la méchante sorcière de l’Ouest, à la route de brique jaune et aux souliers de rubis.