LE CORNIAUD

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Quand on engage quelqu'un, il faut avant tout bien s'assurer que c'est la bonne personne pour accomplir la tâche pour laquelle il ou elle a été embauchée. Un principe essentiel qui va cruellement faire défaut dans le film de Gérard Oury que vous allez maintenant découvrir ou plus vraisemblablement redécouvrir, tant il fait partie de notre patrimoine.

Bourvil y joue un pauvre quidam, dont la 2CV va être réduite en miettes juste avant son départ en vacances. Le coupable ? Un riche homme d'affaire interprété par Louis de Funès, qui l'a percuté mais qui va lui proposer un dédommagement bien tentant : rallier Naples à Bordeaux au volant d'un superbe décapotable américaine qui doit justement embarquer vers les Etats Unis.

On s'en doute, comme dans toute bonne comédie, (et Le corniaud en est une), cette intrigue basique cache autre chose et en l'occurrence, c'est du côté des pare-chocs de la Cadillac qu'il faudra chercher…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GO FAST (Deux méthodes différentes pour acheminer la drogue, deux genres différents pour traiter le sujet mais un même vecteur : l'automobile...) ou encore LA CHÈVRE (Le buddy-movie dans toute sa splendeur ! Ces couples antinomiques font merveille en associant des personnages qui n'ont rien à fait ensemble mais qui au finale, au coeur de l'action, se révèlent complémentaires et où le crétin n'est pas forcément celui auquel on aurait (d'abord) pensé !).

Le savoir-faire d'Oury, l'efficacité du tandem De Funès-Bourvil, des  gags, des dialogues  cinglants et du dépaysement : avouez que l'on se laisse très facilement tenter à nouveau par le parfum formidablement désuet de ce Corniaud qui n'en finit plus de séduire les spectateurs depuis sa sortie sur les écrans en 1964… Avec près de 12 millions d'entrées à l'époque, il reste à ce jour un des plus grands succès du cinéma français. Un triomphe qui s'est largement prolongé à l'étranger, (notamment dans l'ex-URSS), à tel point qu'Hollywood voulut en faire  un remake, d'ailleurs proposé à Gérard Oury, avec pour têtes d'affiche Dean Martin et Jack Lemmon ! Le réalisateur ne donna pas suite, déjà très accaparé par son aventure suivante derrière la caméra et à nouveau avec son duo du Corniaud : c'est en effet durant de tournage qu'il offrit à Louis de Funès et Bourvil de "remettre ça" dans un film qui battit d'autres records de fréquentation : La grande vadrouille.

N'allez pourtant pas croire que diriger ces deux vedettes ait été chaque jour une partie de plaisir. Oh, la difficulté ne vint pas de Bourvil, adorable et timide à l'écran comme hors-caméra : c'est lui d'ailleurs qui insista pour que le nom de son comparse figure en aussi gros que le sien sur l'affiche. Non, c'est de Funès qui joua quelque peu les divas… Trouvant, à la lecture du scénario qu'il avait moins de scènes à défendre que son comparse, il organisa pour lui-même ce qu'il appela "une grève du masque". Comprenez, une journée sans recourir à ses habituelles grimaces ou mimiques ! Gérard Oury dut consentir à lui écrire en urgence une scène compensatoire (celle de la comparaison de musculature sous la douche) pour que le comique revienne à de meilleurs sentiments !

Au-delà de ces péripéties, Le corniaud reste un formidable spectacle dont on ne se lasse pas, inspirez sachez-le, des mésaventures bien réelles d'un présentateur de télévision français, Jacques Angelvin, arrêté aux USA en 1962 pour avoir servi de mule en transportant de la drogue cachée dans un véhicule et qui sera un des personnages de la French Connection de William Friedkin.

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