LA CONSPIRATION DU CAIRE

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Un modeste étudiant est sélectionné pour poursuivre ses études à l’université religieuse d’ Al-Azhar au Caire. Il est immédiatement manipulé par les services secrets pour les informer sur les luttes intestines au sein de la plus prestigieuse des institutions sunnite.

C’est un thriller mais un thriller en milieu érudit en plein coeur de l’Islam. Qui a tué, qui tuera, qui manipule. Le film est palpitant comme un cluedo et pourtant éminemment politique. Son titre original se traduirait par le « Garçon venant du paradis ».

Mais l’enfer est sur terre, dans les milieux du pouvoir au Caire, ce que dénonce le réalisateur (qui est aussi scénariste ) Tarik Saleh. Un film à la limite du blasphème, donc éminemment courageux, et qui évoque tout à la fois le sacré et la corruption humaine. Bref un grand film.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE NOM DE LA ROSE DE JEAN-JACQUES ANNAUD (1986) (On ne peut s'empêcher de penser au film d'Annaud, adapté du roman d'Umberto Ecco, qui relate l'enquête d'un moine franciscain (Sean Connery) dans une abbaye bénédictine où les frères sont mystérieusement assassinés. Un film politique autant que policier sur les outrances religieuses.) ou encore WITNESS DE PETER WEIR (1985) (Caché dans la communauté amish un policier enquête pour dénoncer un réseau de pourris dans ses propres rangs. Dans cette confrérie religieuse qui vit hors du temps il peut confronter une société corrompue d'où il vient à une autre apaisée et solidaire.).

Contrairement aux apparences nous sommes en présence d’un film suédois. C’est en effet le lieu de naissance et la nationalité de Tarik Saleh qui ose ainsi interpeller la culture de ses ancêtres. Deux vecteurs ont déterminé le choix de son sujet : la lecture du « Nom de la rose » d’Umberto Ecco, qui mêlait intrigue et conflits religieux (On se souvient du film qu’en a tiré Jean-Jacques Annaud en 1986 ); et l’histoire de son grand-père issu d’une famille modeste qui fut admis à Al-Azhar.

L’affaire ne fut pas une partie de plaisir. Mal vu des autorités égyptiennes après « Le Caire confidentiel » (2017) où il avait été expulsé trois jours avant le tournage, le cinéaste a du aller tourner cette fois en Turquie, dans la fameuse mosquée Souleymane d’Istanbul.

Le cinéaste est un peu mécréant, venu de l’étranger, même s’il milite avec son film pour une religion apaisée. Saleh fut un grapheur célèbre, reconnu parmi les plus grands du monde. Puis il fut documentariste, avant de passer à la réalisation pour un long métrage d’animation « Metropia » (2009) qui fit le tour du monde. Depuis il est devenu un des cinéastes les plus brillants de sa génération qui, en outre, n’a pas peur d’affronter les  barbus et les sujets délicats.

Avec Boy from Heaven, qui aurait pu s'intituler Le Caire nid d'espions, Tarik Saleh passe manifestement un cap, et avec quel éclat. Le principal lieu de l'action n'est pas n'importe lequel : l'université Al-Azhar, véritable phare de l'enseignement ...

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