JOURNAL DE TÛOA

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Journal de Tûoa est d’une collaboration entre deux cinéastes, unis à la ville.  Miguel Gomes est connu notamment pour La Gueule que tu mérites (2004), Ce cher mois d’août (2008) et Tabou (2012). Maureen Fazendeiro a réalisé deux courts métrages avant de rencontrer son compagnon sur Les Mille et Une Nuits (2015) où elle officiait en tant que directrice de casting. C’est parce qu’ils étaient effondrés par la façon dont le Ministère de la Culture portugais gérait la pandémie de Covid-19 sans prendre en compte le secteur artistique qu’ils ont décidé de réaliser ce film.

Crista Alfaiate, qui avait participé au film Mille et Une nuits  et son compagnon Rui Monteiro, également acteur et éclairagiste pour le théâtre, se sont joint au projet. Ce sont les premières personnes auxquelles les cinéastes ont rendu visite après le confinement. Le film a aussi réuni l’équipe technique habituelle de Miguel Gomes. Les réalisateurs ont en effet souhaité mettre en scène l’intimité qui les unit. 

Pendant le confinement, ne pouvant aller au cinéma, ils avaient organisé un ciné-club chez eux où ils se passaient l’intégralité de la filmographie d’un cinéaste en commençant par sa dernière œuvre. Ils l’ont notamment fait pour celle de John Ford et voyaient John Wayne rajeunir à vue. Cette expérience les a aussi inspirés pour leur film qu’ils ont décidé de raconter « à l’envers » en tournant les scènes dans l’ordre chronologique puis en le montant dans le sens inverse.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver IRRÉVERSIBLE (Dans ce film très dur, Gaspar Noé a aussi choisi de raconter son histoire à rebours.) ou encore NE COUPEZ PAS (Ce film d'horreur plein de fantaisie se déroule aussi pendant un tournage.).

Le titre, Journal de Tûoa vient du fait que ce journal est lu à l’envers. « Tûoa », c’est « Août » à l’envers ! (« Ostoga » en portugais).  Les cinéastes ont, en effet choisi de montrer l’action de façon inversée de façon à faire ressentir au spectateur comment la pandémie de Covid-19 a altéré la perception du temps. Ils avaient envie de jouer avec le temps comme la pandémie l’a fait pour eux et de souligner ainsi qu’ils restaient solidaires dans l’adversité.  Selon Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes, il n’est pas nécessaire d’être très intelligent mais seulement sensible pour apprécier Journal de Tûoa. 

Journal de Tûoa a été fabriqué en six semaines dont quatre de tournage dans une ancienne ferme avicole de Sintra à quelques kilomètres de Lisbonne. Seize personnes - dont trois acteurs -  et cinq chiens ont participé au projet. La première semaine a été consacrée à l’étude du décor et la deuxième semaine à travailler sur des improvisations avec les acteurs.  L’équipe et les comédiens avaient fait un test PCR avant de s’enfermer sur place. La production se chargeait de leur livrer des vivres et de la pellicule qui étaient laissés devant le portail de l’habitation. Ils reconnaissent volontiers que l’expérience n’a pas toujours été idyllique et qu’ils avaient souvent l’impression d’être reclus.

Ils ont choisi de commencer le film sur un baiser qu’ils ont tourné en fait en tout dernier quand ils ont eu passé suffisamment de temps ensemble pour que ça ne soit pas dangereux de se rapprocher autant. Les cinéastes trouvaient ironique que ce geste de cinéma classique puisse avoir pris une telle importance suite à la pandémie, devenant presque tabou. Ils avaient installé un tableau réunissant les scènes à tourner et la façon dont elles devaient trouver leur place dans le montage final. Ainsi ils parvenaient à ne pas se perdre dans la chronologie. Très peu de scènes savaient été écrites au départ. Les cinéastes n’avaient élaboré qu’une structure sur laquelle ils brodaient selon leur inspiration et celle de leurs interprètes.

"Ce qu'on tourne, c'est cette expérience intime de partager quelque chose, de partager un endroit et un film". Voilà ce qu'à dit Miguel Gomes à Arte pour parler du Journal de Tûoa qu'il a co-réalisé avec sa femme Maureen Fazendeiro en plein confinement. Une double expérience ...

Un carton final nous annonce que « Journal de tûoa a été tourné sous régime de confinement, au Portugal, entre août et septembre 2020 ». Un film-concept qui serait le résultat capricieux de l’impossibilité à réaliser d’autres projets ? Probablement. ...

-Peut-être le film que j'attendais le plus, car j'adore ce cinéaste. Disons que le film ressemble à un mauvais match de Messi : Même en étant en petite forme il reste techniquement le meilleur joueur sur le terrain et arrive tout de même à créer des décalages et des différences. ...