HORS NORMES

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Eric Toledano et Olivier Nakache ont le goût des autres, ils nous le démontrent film après film. Dans celui que vous apprêtez à voir, ils s’intéressent à deux hommes aux personnalités « hors normes » qui font écho au titre : Bruno (interprété par un Vincent Cassel le coeur sur la main) et Malik (merveilleux Reda Kateb) éducateurs au service d’enfants autistes depuis vingt ans, au sein de leurs associations respectives. 

Sans crainte de rendre leur mission un peu plus difficile encore, leur travail conduit par ailleurs les deux hommes à former des jeunes issus des quartiers difficiles afin d’offrir un encadrement aux jeunes frappés d’autisme sévère. Bruno est juif pratiquant, Malik est musulman, mais dans leur travail ils oeuvrent pour un dieu commun, en particulier lorsque les services sociaux tendent à entraver leur action. 

Tourné caméra sur l’épaule pour rendre tangible le travail d'équilibriste que représente parfois la prise en charge de jeunes autistes au quotidien, le film vous vaudra de voyager deux heures durant dans une sorte d’ascenseur émotionnel. Roux et Combaluzier ne sont pas morts. Ils s’appellent Toledano et Nakache ! 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA TÊTE HAUTE (Emmanuelle Bercot y confronte un adolescent difficile à son éducateur, sous le regard d'un juge humaniste.) ou encore RAIN MAN (Au milieu des années 80, Barry Lewinson est le premier cinéaste à traiter l'autisme à travers le personnage de Dustin Hoffmann.).

Vingt-cinq ans avant de réaliser ce film, Nakache et Toledano furent un temps moniteurs de colonies de vacances, après avoir passé à Saint-Denis un brevet d’aptitude. C’est là qu'ils rencontraient Stéphane Benhamou, créateur de l’association Le Silence des Justes, lequel avait pris sous son aile un membre de leur famille souffrant d’autisme. A l’époque déjà, les deux complices, qui n’avaient encore jamais tourné, sentaient qu’il y avait matière à un film. Voir Stephane faire débauche de tant d’énergie et d’humanité pour ces jeunes, avait provoqué chez eux une très forte impression, confirmée des années plus tard, à l’occasion d’un documentaire de 26 minutes réalisé pour Canal+ que les deux réalisateurs décidaient de consacrer à l’action de celui qui était devenu leur ami. 

Dans sa forme, Hors normes est marqué par l’utilisation qui est faite de la caméra à l’épaule. Dès la séquence d’ouverture, le procédé permet de comprendre l’état de speed dans laquelle travaillent leurs éducateurs, tandis qu’on court avec Reda Kateb dans les rues de Paris pour tenter de rattraper une adolescente en panique qui se cogne aux passants. Du point de vue des cinéastes, le spectateur devait ainsi être confronté d’emblée à la violence, « puisqu’elle existe » explique Olivier Nakache. « Montrer l’urgence avait un sens, nous avions envie d’attraper le spectateur par le bras ». De fait, vous avez noté que la musique qui accompagne cette scène rappelle le son d’un électrocardiogramme. 

Les acteurs autistes ont été castés dans nombre d’associations dont Turbulences, une compagnie artistique. Nakache et Toledano ont alors proposé un atelier de théâtre aux membres et c’est alors qu’ils ont rencontré Benjamin Lesieur, qui incarne Joseph. Doté d’une personnalité très attachante, les réalisateurs se souviennent qu’il communiquait d’une façon peu linéaire en citant des noms de chanteurs français. Après lui avoir proposé le rôle, ses parents prévenaient que ce serait compliqué, que Benjamin ne supportait pas certains vêtements par exemple, ni qu’on lui touche la peau ou les cheveux. Mais pendant 25 jours de tournage, il s’est laisser habiller, maquillage-coiffure compris. Sa performance lui a valu d’être remarqué en tant que meilleur espoir au César pour les films sortis en 2019.  

Le mot lui-même, autisme, n'est presque jamais prononcé dans Hors normes, non pour nier cette "différence" mais plutôt pour éviter de coller une étiquette tellement réductrice et bien pratique. Toledano et Nakache, après la belle légèreté du Sens de la fête, sont en ...

Le duo Nakache-Toledano est décidément un duo gagnant ! Ils ont trouvé la solution pour viser, atteindre et ravir un très large public, en réalisant un film glamour et enthousiasmant sur un sujet difficile, douloureux et dont la plupart des gens se détournent, l’autisme ...

S'il y a un fil conducteur qui traverse toute la filmographie, désormais conséquente, du "couple" Nakache / Toledano, c'est indiscutablement le thème du "lien social", et de son importance capitale, non seulement dans la structure de la société (une évidence,... que la polarisation ...