FRENCH EXIT

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Lasse et cynique une grande bourgeoise new yorquaise aussi veuve que ruinée vend ce qui lui reste et file à Paris. Avec fils et chat. Que faire quand on ne sait rien faire, pas même vivre? Heureusement que le mari s’est réincarné et qu’il n’est pas très loin. 

Michelle Pfeiffer perdue pour la cause, revient par la mer et par l’exil. Un choix de personnage assez édifiant mais tout à fait audacieux. Dans « French Exit » de Azazel Jacobs elle jubile évidemment à jouer les fins de race, qui flambe ce qu’elle n’a plus en lâchant des bons mots.  

Le film, américain dans les faits et parisien dans l’âme - en tout cas ce que les américains en croient - se révèle en comédie noire avec Lucas Hedges dans le rôle du fils dépressif, Valerie Mahaffey en copine pleurnicharde et Isaac de Bankolé en détective privé abasourdi. Voici un drôle de film plutôt qu’un film drôle.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BONJOUR TRISTESSE DE OTTO PREMINGER (1958) (Tiré du fameux roman de Françoise Sagan, le film narre la mélancolie d'être riche, désoeuvré et fautif. Une autre vision de Paris et de la France avec un casting royal : David Niven, Deborah Kerr, Jean Seberg, Mylène Demongeot. Le mal-être considéré comme une vertu littéraire parisienne.) ou encore UN AMÉRICAIN À PARIS DE VINCENTE MINNELLI (1951) (Un des sommets de la comédie musicale qui prend la capitale pour un lieu de féérie amoureuse et de badinage chanté et dansé. Gene Kelly, Leslie Caron, Georges Guétary s'en donnent à coeur joie dans une euphorie collective qui permet tous les renoncements. A la baguette Gershwin et tout est possible.).

Le titre originel porte un sens tout particulier. En effet, « French exit » est une expression qui est l’exact pendant de notre « filer à l’anglaise ». C’est ce que fait notre héroïne pour ne pas affronter le regard de ses pairs, bien plus que par goût de la cavale. Le film a été écrit par Patrick de Witt écrivain canadien d’après son propre roman « Sortie côté tour » paru en 2019. On lui doit par ailleurs « Les frères Sisters » dont Jacques Audiard avait fait un western convaincant en 2018.  

Azazel Jacobs, le cinéaste, est d’ailleurs un vieux complice de l’écrivain puisqu’ils avaient déjà collaboré sur « Terri » en 2011. Indépendant, fils du documentariste newyorkais indépendant Ken Jacobs, le réalisateur de « French exit » signe là son cinquième long métrage. Pour son oeuvre précédente « The lovers »  (2017) il avait d’ailleurs déjà orchestré le grand retour au cinéma de Debra Winger, preuve que le syndrome de « Sunset boulevard » n’est toujours pas mort. 

Michelle Pfeiffer, d’ailleurs, qui louait son nom depuis une dizaine d’années pour Marvel et Disney, entre les « Ant Man » et les « Maléfique » s’est enthousiasmé pour le scénario de « French exit » au point de publier sur Instagram la photo du manuscrit barré de la mention « here we go ! » , traduisez « on y va! ».  Elle témoignera lors de l’avant-première de ce que cette expérience de travail fut une des cinq meilleures de sa carrière. On aura reconnu certains quartiers des 10ème et 11ème arrondissements de Paris, et notamment le canal Saint Martin. Où, d’ailleurs, le héros téléphone d’une cabine aussi incongrue qu’une Panhard Levassor. Paris reste pour l’Américain une ville surréaliste.

FRENCH EXIT d’Azazel Jacobs avec Michelle Pfeiffer, Lucas Hedges, Valerie Mahaffey et l’esprit ! Une femme un tantinet excentrique et aisée de la haute bourgeoisie new-yorkaise, quelque temps après le décès de son mari, se retrouve sans le sou pour devoir vendre son appartement ...

Liste de remarques avec mini spoils: "Il s'est étouffé dans le fauteuil où vous êtes assise." Commence en Blue Jasmine et semble finir dans une salle d'attente d' asile psy de luxe. ____________Une sorte d'Arielle Dombasle Américaine, avec des touches de Morticia Addams ...