ESPÈCES MENACÉES

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Sorti en septembre 2017, Espèces menacées (au pluriel !) est le cinquième long métrage de Gilles Bourdos, cinéaste français né à Nice en 1963 et particulièrement remarqué en 2013 pour Renoir, avec Michel Bouquet dans le rôle de Pierre-Auguste, le peintre, et Vincent Rottiers dans celui de Jean, le réalisateur. 

Adapté de plusieurs nouvelles de l’Américain Richard Bausch (né en 1945), le film que vous allez voir retrace le parcours de trois familles. Il y a la famille des jeunes mariés, Joséphine et Tomasz ; il y a celle de Mélanie, enceinte d’un homme beaucoup plus âgée qu’elle ; et celle d’Anthony, étudiant malheureux en amour, obligé de s’occuper de sa mère.

Au cœur de ces destins entrelacés, et sur une musique d’Alexandre Desplat, vous reconnaîtrez : Vincent Rottiers, Grégory Gadebois, Eric Elmosnino, Brigitte Catillon et Frédéric Pierrot. Face à ces comédiens expérimentés – et même, pour Grégory Gadebois, de la Comédie-Française ! –, Gilles Bourdos fit appel à quelques nouveaux visages, dont celui d’Alice Isaaz (la jeune mariée), déjà vue notamment dans Un moment d’égarement de Jean-François Richet, et de Damien Chapelle (Anthony), découvert dans Bande de filles de Céline Sciamma puis retrouvé en Bacchus dans Métamorphoses de Christophe Honoré.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SHORT CUTS (1993) (Egalement inspiré par plusieurs livres – de Raymond Carver, cette fois –, mosaïque de destins entremêlés, au coeur du Los Angeles des années 90.) ou encore BABEL (2006) (Destins mêlés, entre Maroc, Etats-Unis, Mexique et Japon.).

C’est par hasard que Gilles Bourdos découvrit l’œuvre de Richard Bausch, romancier et nouvelliste américain, célèbre outre-Atlantique et à peu près inconnu en France. A la lecture de ses nombreuses nouvelles, le cinéaste eut l’idée de les confier à son scénariste attitré, Michel Spinosa, sans trop savoir ce qui allait en sortir. Et c’est ce dernier qui eut l’idée de construire le film comme un jeu des 7 familles, dans lequel les cartes seraient sans cesse rebattues. Un film qui avancerait à coup d’affrontements entre le père et la fille, entre le fils et la mère, entre le mari et la femme, etc. Sa préoccupation principale fut de créer dès le départ une tension qui se maintiendrait jusqu’au dénouement.

C’est à Nice, ville natale du réalisateur, que fut tourné, en plein hiver, Espèces menacées, « d’où, comme il le dira lui-même, ce léger sentiment de désertification ». Ville portuaire, lieu de passage, Nice lui permit d’exprimer le fort sentiment de solitude qui habite les personnages. Et puis les lieux de transit ont quelque chose de neutre, d’assez peu identifiable d’un point de vue sociologique. C’est ce que recherchait Gilles Bourdos qui ne voulait pas inscrire son film dans un discours social trop marqué. En plus, il avouera avoir un « rapport passionnel » avec Nice, dont il apprécie particulièrement « l’empilement architectural ». On y trouve, en effet, du rococo, du style paquebot, des barres d’immeubles des années 70 et des villas mauresques, sans oublier la voie rapide qui surplombe toute la ville et qui, paraît-il, « [le] fascine depuis toujours » !

Si, pour Pierre Eisenreich de Positif, le scénario apparaît « trop étriqué et moralisateur », pour Christophe Narbonne de Première, il « cède à la facilité » et pour Christophe Carrière de l’Express, « l’histoire de Joséphine et de Tomasz [...] se suffisait à elle-même », l’ensemble de la presse salua un « casting impeccable », comme on pourra le lire dans le Journal du Dimanche.  « Tous concourent par leur talent et leur justesse à la cohésion de cette élégante mosaïque sur la fragilité humaine », précise Jacques Morice dans Télérama. Mention spéciale pour Alice Isaaz, « formidable de vérité » d’après le Figaro, et pour le couple qu’elle forme avec Vincent Rottiers, « à l’image du film, écrit Fabrice Leclerc dans Paris Match : impressionnants et sombres ».  

ESPECES MENACEES c'est d'abord la rencontre (tant attendue) d'une actrice et de son film. J'ai toujours aimé le jeu d'Alice Isaaz même si j'ai souvent formulé des doutes sur sa capacité à emmener totalement le spectateur. Elle a souvent été correcte, sans exceller. Dans ...

Quelle belle puissance, durant quinze minutes tout se passe dans une chambre, un jeune couple vient de se marier. D’après l’oeuvre de Richard Bausch, Gilles Bourdos va entrelacer trois familles qui n’auraient peut-être jamais dû se rencontrer. La force du film passe bien ...

Rien de bien affolant dans la filmographie de Gilles Bourdos jusqu’ici. Entre un Et après et un Renoir vraiment très moyens, je ne m'attendais pas à grand-chose. Comme souvent, c’est le casting qui m’a attiré vers ces Espèces menacées. Et j’ai bien fait : voilà une ...