BONS BAISERS DE BRUGES

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Les  dramaturges anglais ne racontent décidément pas les histoires comme les autres : Bons baisers de Bruges a beau suivre la mission de deux tueurs à gages envoyés exécuter un contrat dans la ville belge, le premier long métrage de l’auteur de théâtre Martin Mc Donagh est avant tout… un conte de Noël.

Certes pas du genre où l’on célèbre la chose dans la joie et la bonne humeur  mais plutôt dans la tradition purement britannique d’un Dickens : il est en effet question ici de mélancolie, de culpabilité et de rédemption. Celle d’un tueur hanté par le souvenir d’une victime collatérale. Bons baisers de Bruges n’engendre pas pour autant la tristesse via un humour noir ou une atmosphère excentrique. La relecture détournée des codes du film noir classique ou une galerie de personnages secondaires excentriques achevant d’en faire de ce polar pas comme les autres un cousin européen des meilleurs films des Frères Coen.

Colin Farrell et Brendan Gleeson, en duo d’assassins sur commande, sont les dindons de cette farce macabre virant peu à peu à une délectable fable, cruelle et morale, sur les conséquences de tout acte manqué.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ASSASSINS ou encore MATADOR, MÊME LES TUEURS ONT BESOIN D'AMIS .

Martin McDonagh est devenue en presque quinze ans d’activité un des plus grands noms du théâtre anglais. On ne compte plus ni les pièces qu’il a écrites, ni les récompenses les plus prestigieuses qu’il a reçu depuis 1996, l’installant comme un auteur à la croisée de David Mamet et Harold Pinter.

S’il n’a jamais mis en scène une seule de ses pièces, il est passé, selon lui, à la réalisation de films, à cause du sentiment persistant que chaque représentation donnait lieu à un spectacle différent, selon le lieu, le public ou les comédiens. Le cinéma lui permettait de cristalliser en une fois ses intentions. En l’occurrence pour Bons baisers de Bruges, l’évocation du paradoxe entre le profond rapport à la culpabilité chez les catholiques et les horreurs qu’ils ont pu commettre au nom de la religion. Le choix de la ville de Bruges s’est en partie fait à cause de son patrimoine artistique, notamment une galerie de peintures où la plupart des tableaux montrent des scènes de tortures médiévales les plus variées. Mc Donagh explique qu’avec le film dans le film, il voulait faire un film de gangsters inspiré par les œuvres de Jérôme Bosch.

S’il avait déjà travaillé avec Brendan Gleeson, sur un court-métrage, McDonagh s’est décidé à travailler avec Colin Farrell sur Bons baisers de Bruges, parce que ce dernier aurait été le premier à comprendre que le film racontait surtout comment son personnage se retenait de se suicider. L’ambiance du tournage n’en a pas moins été festive. D’autant plus que si le film s’est tourné en plein mois de Mars, la production avait obtenu de la municipalité que les décorations du Noël précédent restent en place jusque-là, les habitants des quartiers concernés de Bruges ont alors décidé de faire comme si la fête de fin d’année se prolongeait dans leurs rues jusqu’à la fin de l’hiver.

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