AV THE HUNT

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Peu présent avant les années 90, le cinéma turc de genre a depuis trouvé son rythme de croisière avec des films nettement plus élégants que les nanars des années 70. Dont beaucoup étaient des versions fauchées des films de super héros et des sagas de science fiction populaires (Turkish Batman, Turkish Star Trek et l'irrésistiblement nul mais très culte Turkish Star Wars). Puis une certaine qualité a fini par prendre le relais. Ainsi, parmi les bonnes œuvres récentes du cinéma turc tendance polar, on peut citer 10 jours du côté du bien, une enquête flirtant avec des thrillers espagnols glauques. Ou encore Le cœur au vol, comédie romantique sur fond de braquage rappelant l'efficacité speedée et effrénée de la série La Casa de Papel.

AV: The Hunt, quant à lui, relève plutôt de la série B basique et efficace. Le film suit le parcours (très) chaotique d'une jeune femme adultère, traquée sans relâche par la police et des membres de sa famille qui veulent laver leur honneur. Entre deux coups de théâtre meurtriers, l’héroïne, à la fois victime de ses poursuivants mais aussi d'une société misogyne et patriarcale où le crime d'honneur est presque toléré, subit de nombreuses violences physiques. D'où l'interprétation fiévreuse de Billur Melis Koç, qui, dans le rôle d'une femme à la fois angoissée et battante, rappelle Sigourney Weaver dans la saga Alien ou Jamie Lee Curtis dans la franchise Halloween.

Si le film reste d'une efficacité constante, c'est grâce au réalisateur Emre Akay, qui, lors du festival des Arcs où son long-métrage fut projeté en avant-première en décembre 2022, expliquait que AV: The Hunt devait à l'origine être un pur western. Faute de budget, le scénario s'est alors transformé en un thriller presque social. Car AV: The Hunt, comme le précise également le réalisateur, ne se situe pas dans une région distinct du pays. La Turquie (dans son ensemble) étant représentée ici comme le pays/métaphore pour aborder la question des violences faites aux femmes. Emre Akay a donc choisi de passer par le genre (plutôt que le film d'auteur) pour toucher un plus large public en abordant en sous-texte de son film la question des femmes battues. Qui a particulièrement augmenté en Turquie ces dernières années depuis que le pays s'est retiré en 2021 d'un traité européen visant à lutter contre les féminicides.