ALEXANDRE LE BIENHEUREUX

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Réalisé en 1967 par Yves Robert, Alexandre le bienheureux clôt après Ni vu, ni connu avec Louis de Funès et La guerre des boutons avec Jean Richard une sorte de trilogie consacrée au monde paysan. Avec cette comédie rurale, le cinéaste adapte l’une de ses nouvelles, écrite en réaction à un poème qu’il détestait : Le laboureur et ses enfants, fable de La Fontaine dont le film est l’antithèse absolue.

Philippe Noiret incarne Alexandre. Un cultivateur de la Beauce, qui a épousé la plus riche héritière de la région. Sa femme possède en effet la plus grande exploitation agricole du pays. C’est aussi un véritable despote qui le malmène en lui imposant chaque jour un travail de titan, alors qu’il préférait profiter de la vie en toute tranquillité. Un jour, sa tyrannique épouse meurt dans un accident de voiture. Dès lors, Alexandre refuse d’entretenir sa ferme et son terrain de 120 hectares afin de prendre le temps de vivre. Ce doux rêveur décide d’ailleurs de ne plus quitter son lit ! Ce qui provoque l’inquiétude des habitants de son village…

Avec cette fable sur la liberté et le droit à la paresse, Yves Robert a sans doute signé son œuvre la plus personnelle. Mieux : un film qui lui ressemble. C’est d’ailleurs le seul de sa carrière dont il a écrit les dialogues. Après cet hymne paisible à la nature, le cinéaste se lancera dans des comédies plus urbaines comme le diptyque Un éléphant ça trompe énormément / Nous irons tous au paradis. Alors demain, au lieu d’aller travailler, passez deux heures avec Alexandre, le roi des fainéants ! C’est un peu ça le bonheur.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE BONHEUR EST DANS LE PRÉ (Cette farce d’Étienne Chatiliez est une autre histoire de crise existentielle. Celle d’un PDG (Michel Serrault), harcelé aussi par sa femme (Sabine Azéma), qui décide de tout plaquer pour couler des jours heureux dans une ferme du Gers.) ou encore NI VU, NI CONNU (Signée aussi Yves Robert, cette insolente comédie sortie dix ans avant Alexandre le bienheureux est une sorte de brouillon de celui-ci. On y retrouve presque tous les éléments : le héros libertaire (le braconnier Blaireau interprété par Louis de Funès), accompagné d’un fox-terrier espiègle (le dénommé “Fous-le-campˮ), qui va perturber une paisible communauté paysanne.).

Doté d’un magnifique casting, Alexandre le bienheureux est le film “des premières foisˮ. Cette fable bucolique à la Marcel Aymé a en effet lancé la carrière de nombreux acteurs. À commencer par celle de Philippe Noiret, qui trouve ici son premier rôle en tête d’affiche, après de longues années de théâtre et une flopée de seconds rôles au cinéma. Barbu et ventru, il est formidable dans la peau d’Alexandre, un bon gars de la campagne qui trouble le calme d’une petite communauté paysanne. À ses côtés, on découvre Pierre Richard, qui débute ici dans un petit rôle marquant et retrouvera Yves Robert quatre ans plus tard pour Le grand blond avec une chaussure noire, où il tiendra cette fois la vedette.

Autre révélation du film, la belle Marlène Jobert, que l’on a juste aperçu un an plus tôt dans Masculin-féminin de Godard. Dans Alexandre le bienheureux, l’actrice aux taches de rousseur est celle qui va réveiller son prince charmant, endormi d’un profond sommeil, dans cette version inversée de La belle au bois dormant. À noter que la patronne de l’épicerie où elle travaille dans le film est interprétée par Tsilla Chelton, qui deviendra célèbre vingt-trois ans plus tard en tenant le rôle de la terrible Tatie Danielle dans la comédie d’Étienne Chatiliez. Mais la véritable star d’Alexandre le bienheureux, celle qui fait de l’ombre à tous ses partenaires à l’écran, est un… chien, dressé à la perfection ! Le fidèle compagnon de Philippe Noiret dans le film est en effet absolument craquant et ce Jack Russell Terrier vaut bien celui de Jean Dujardin dans The Artist. Sa prestation au poil est d’ailleurs l’une des grandes réussites de ce long métrage.

Pour la petite histoire, ce film annonciateur de Mai 68 est sorti en salles seulement trois mois avant les fameux évènements qui secouèrent la France. Digne du manifeste social de Paul Lafargue, Le droit à la paresse, cette œuvre gentiment anarchiste s’inscrivait parfaitement dans l’air du temps avec son esprit insolent, contestataire et anticonformiste. Dénonçant le travail abusif, ce film, qui rappelle à quel point l’oisiveté est une belle vertu, a préfiguré l’effervescence et le bouillonnement d’une époque. Plus que jamais d’actualité, cet éloge de la paresse n’a pas pris une ride.

Alexandre (Philippe Noiret) est un homme nonchalant et bon vivant. Mais il est marié à une femme ambitieuse et tyrannique (Françoise Brion). Elle décède brutalement et Alexandre décide de s'accorder de grandes vacances méritées. Son comportement va semer le trouble dans ...

Eloge de la paresse : un film qui fait bien fantasmer des hommes et je ne parle pas de Marlène Jobert. La musique de Cosma se marie bien à cette apologie du plaisir de vivre. La simplicité du scénario fait penser à une bande dessinée, à la Franquin, hédoniste et foncièrement ...

Charmante bouffée d'optimisme que cet Alexandre le bienheureux ! Armé d'un pitch relativement simple (un homme éreinté par le travail de la ferme conjugale décide de consacrer sa vie à la sieste et la pêche), c'est la représentation la plus pure de l'oisiveté que nous ...