ABOMINABLE

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Ce n’est pas si souvent qu’il nous est donné de découvrir un film d’animation produit entre les Etats-Unis et la Chine. Tel est le cas d’Abominable, qui comme son titre le suggère place au centre de l’histoire un Yeti au poil impeccablement blanc et Yi, une adolescente de Shangaï, inconsolable de la mort de son père, dont la mission pour le moins complexe, va consister à reconduire chez lui le très attachant monstre sur les cimes enneigées de l’Everest afin d’y retrouver sa famille. 

Abominable est le premier film d'animation Dreamworks dont le héros est une héroïne. De surcroît, on note qu’il est réalisé et produit par un tandem féminin, à savoir Jill Culton, ancienne animatrice chez Pixar période Toy Story, réalisatrice depuis des Rebelles de la forêt, et de Suzanne Buirgy, productrice de Kung Fu Panda 2. 

Abominable est produit par Pearl Studio, une société de production américano-chinoise créée en 2012 et filiale de DreamWorks ce qui explique aisément la nationalité de son héroïne, appelée à fédérer un public pas seulement occidental, ce qu’elle n’a pas manqué de faire. Dans la V.O, la voix de la petite ado téméraire a été confiée à la jeune Chloé Bennet, née d’un père chinois et chanteuse auréolée de quelques succès passés dans le monde asiatique. Pour la version française, le distributeur, à l’encontre d’une tradition bien ancrée, n’a misé que sur des anonymes du doublage. Ne cherchez donc pas de vedettes au générique. La star c’est l’Abominable du titre ! 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver OKJA (Dans ce film de Bong Joon-ho, une petite fille aussi se débat pour reconduire un gentil monstre vers son habitat d'origine.) ou encore YETI ET COMPAGNIE (A quelques mois de distance, le Yeti s'invitait déjà dans ce film d'animation Warner.).

Malgré son caractère bon enfant, Abominable a fait grincer des dents dans une partie de l’Asie pour une raison qui vue d’ici peut nous sembler anodine. Mais elle ne l’est pas. En effet, dans l’une des scènes, on aperçoit une carte géographique sur laquelle la Mer de Chine se trouve représentée avec la « ligne en neuf traits », qui délimite la portion sur laquelle Pékin affirme depuis des années avoir une souveraineté territoriale, ce que réfutent ses voisins. Moralité, La Malaisie et les Philippines ont coupé la scène, tandis qu’au Vietnam le film a été retiré de l’affiche par son distributeur coréen. Passons. 

Malgré cela, le film a été un succès notable, avec plus de 60 millions de recettes pour le seul marché américain et 116 millions pour le reste du monde. Le film n’occupe cependant que la 32e place du top 50 des films portant le label Dreamworks. En France, Abominable a aisément trouvé son public peu avant les fêtes de fin d’année, en réunissant pas loin de deux millions de spectateurs. 

L’homme des neiges qui ici n’a d’Abominable que le nom, vous en a peut-être rappelé d’autres, puisqu’un an avant la sortie de ce film, le studio Warner avait sorti Yeti et compagnie. Pour rester dans le monde de l’animation, on trouve qu’Abominable à aussi un petit quelque chose de Totoro, la fabuleuse créature à poils créée par Hayao Miyazaki en 1988. Plus près de nous, c’est Bong Joon-Ho qui nous avait aidé à dominer nos peurs ancestrales avec le personnage d’Okja, sorte de colossal doudou transitionnel, destiné à canaliser les inquiétudes des enfants.

Everest, nous voila ! Entre le mini changement du logo de la 20th Century Fox et maintenant cette horreur artistique choisie pour renouveler le logo Dreamworks, mes souvenirs continuent à en prendre un sale coup. Quoiqu’il en soit, après la découverte d’un nouveau logo ...

Il est toujours dommage de plus parler d'un film pour les pseudo-polémiques qui l'entourent que pour ses qualités intrinsèques. DreamWorks s'en serait sans doute bien passé sur ce coup là, à moins que le studio la jouerait cynique en considérant que toute publicité est ...

Les mots ne peuvent rendre qu’imparfaitement ce tourbillon sensible qu’est Abominable, œuvre simple dont la modestie n’a d’égal que sa profonde poésie tant visuelle que dramatique. En apparence, il ne s’agirait là que d’un film d’animation de plus : une affiche ...