3 COEURS

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Cinéaste et metteur en scène d’opéra, Benoît Jacquot a 66 ans lorsqu’il entame, en septembre 2013, le tournage de 3 Cœurs, son 21e long métrage pour le cinéma, après, notamment, les Ailes de la Colombe, la Désenchantées, la Fille seule ou les Adieux à la reine ; comme on le voit... souvent des portraits de femmes.

Avec 3 Cœurs, c’est à un homme, cette fois, qu’il va s’intéresser, un certain Marc Beaulieu, inspecteur des impôts venu en province étudier un dossier. Après avoir raté le dernier train pour Paris, il fait la connaissance d’une jeune femme prénommée Sylvie dont il tombe éperdument amoureux. Un malencontreux concours de circonstances les empêchera de se revoir à Paris et, quelques temps plus tard, de retour dans cette même ville de province, Marc succombera aux charmes de Sophie, qu’il ne va tarder à épouser... sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie ! 

C’est à ce mélodrame – le mot est assumé par son auteur – qu’ont accepté de participer : Benoît Poelvoorde, ainsi que Charlotte Gainsbourg, dans le rôle de Sylvie, et Chiara Mastroianni, dans celui de Sophie. Catherine Deneuve, quant à elle, joue le rôle de leur très attentive maman. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MAMAN ET LA PUTAIN (1973) (Alexandre est partagé entre Marie, qui le couve, et Veronika, qui le trouble...) ou encore FAUX SEMBLANTS (1988) (L’amour d’une femme (Geneviève Bujold) va mettre à mal la relation de deux frères jumeaux (Jeremy Irons et Jeremy Irons).).

Alors qu’il ne l’avait enregistré qu’en guise de maquette, en attendant de trouver le ou la comédienne qui lui donnerait sa forme définitive, c’est bien la voix de Benoît Jacquot qui, à trois reprises, ponctue le film. On se souviendra qu’assistant de Marguerite Duras dans les années 70, il avait déjà fait une voix off dans India Song ! C’est à Vincent Lindon – qu’il avait déjà dirigé dans le Septième ciel, l’Ecole de la chair et Pas de Scandale – que Benoît Jacquot avait tout d’abord pensé pour incarner cet inspecteur des impôts déchiré entre deux sœurs. Mais, après avoir discuté avec lui, le cinéaste comprit qu’il connaissait trop l’acteur pour le diriger dans ce rôle-là. "Quelqu’un que je ne connaissais pas m’offrait la liberté de découvrir d’autres émotions", déclara-t-il à ce propos.

C’est donc à Benoît Poelvoorde qu’il adressa son scénario. Comédien très éclectique, celui-ci s’éloignait alors des comédies qui avaient fait son succès, tels le Boulet, Podium ou Rien à déclarer, pour rejoindre les univers plus inattendus de Benoît Delépine et Gustave Kerven, Anne Fontaine, Jean-Pierre Améris ou encore Nicole Garcia. De même, c’est à Léa Seydoux – qu’il venait de diriger dans les Adieux à la reine – qu’il avait pensé confier le rôle, finalement tenu par Chiara Mastroianni. A cette époque, Léa Seydoux se remettait difficilement du tournage et, surtout, des polémiques de l’après-tournage du film d’Abdellatif Kechiche, la Vie d’Adèle et, un mois avant les premières prises de vue, elle ne trouva pas la force d’incarner ce personnage, qu’elle savait énigmatique et donc complexe. 

N’ayant toujours pas trouvé la remplaçante rêvée à quinze jours du premier tour de manivelle, Catherine Deneuve confia à Jacquot que sa fille, Chiara, serait ravie d’hériter du rôle. Devant l’enthousiasme de Charlotte, le cinéaste et son scénariste, Julien Boivent, durent réécrire quelques scènes pour faire de cette sœur plus jeune de 15 ans – comme prévu dans la première version du scénario –, une sœur presque jumelle. En fait, Chiara à dix mois de moins que Charlotte qui, à la réflexion, eut quelques doutes sur sa capacité à jouer la fille de Deneuve, face à la vraie fille de Deneuve ! Pourtant, si Chiara avait déjà été la fille de sa mère dans Ma saison préférée d’André Téchiné et dans les Bien-aimés de Christophe Honoré, n’oublions pas que Charlotte (à l’âge de 13 ans) l’avait été, elle aussi, dans Parole et musique d’Elie Chouraqui.

Par Murielle Joudet Deuxième grande surprise française de cette année (avec Sils Maria – après, promis on arrête), 3 cœurs contient à lui seul tout ce qu'on n'osait plus demander à un film français, surtout de la part d'un cinéaste aussi installé et académique que ...

Je m'attendais à un drame gentillet tristoune, et je me retrouve face à un huis-clos étouffant, servi par une musique super angoissante..Le film est extrêmement bien joué, tendu comme un string du début à la fin, Poolevoerde est remarquable, formidable, torturé comme d'hab, ...

Avec 3 cœurs, Benoît Jacquot signe une sorte d'acte de foi. Il faut en effet croire au cinéma pour réaliser tel mélo, drame bourgeois hors du temps et en équilibre qui ne tient que par les conventions du romanesque, lesquelles reposent précisément sur la notion de croyance ...