WAHOU

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Deux tendances s'affrontent en matière d'achat immobiliers. Il y a ceux qui ne jurent que par le neuf et sa modernité et ceux qui se peletonnent dans le charme de l'ancien et de son vécu. Un choix qui peut se poser aussi en matière de cinéma. Celui de Bruno Podalydès a souvent hésité entre les deux. Un jour adaptation de classiques patrimoniaux (Bécassine, son dyptique Le mystère de la chambre jaune/Le parfum de la dame en noir), le lendemain à inspecter une start-up et ses innovations high-tech (Les 2 Alfred). 

On le soupçonne pour autant d'avoir un penchant pour le monde à l'ancienne. Surtout quand Wahou ! s'immerge dans le quotidien d'une agence immobilière s'échinant à vendre une maison baignant dans son jus. Bien loin de la vision euphorique de ces agents professée par de nombreuses émissions de télévision, Wahou ! prolonge le petit théâtre doux-amer cher au réalisateur, égrénant au long des visites de la maison, autant de saynètes. Amusantes, elles font évidemment un état des lieux des rapports humains, du fraternel au mélancolique. 

C'est donc plus une visite de la Maison Podalydès, qui est organisée, entre trouvailles poétiques (y compris dans un casting réunissant entre autres Agnès Jaoui, Eddy Mitchell et Karin Viard...), humour à la Sempé, et couloirs de l'âme humaine. A l'image de la bâtisse, pleine de charme, on peut appeler ça un bien d'exception. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE VIAGER (dans ce classique signé Pierre Tchernia, une famille a bien du mal à prendre possession d'une maison achetée en viager à un increvable vieillard) ou encore LES SALAUDS DORMENT EN PAIX (Une vision (sombre) de l'univers des agents immobiliers par Akira Kurosawa.).

Beaucoup d'études s'accordent pour dire à quel point l'achat (ou la vente) d'une maison peut-être assimilé à un tremblement de terre psychologique. Bruno Podalydès en a lui-même fait l'expérience lorsqu'il a mis sur le marché son domicile. Recevant lui-même les acheteurs potentiels, certains imaginant devant lui comment ils allaient l'aménager, abattre des cloisons, il aura eu la sensation d'une intrusion dans son intimité. Ou à l'inverse d'entrer dans celle d'inconnus leur racontant leurs vies lors des visites. En tous les cas, de quoi impulser la base de Wahou ! Une succession de rencontres inattendues. 

Pour mener à bien son scénario, Podalydès ira à la source même en consultant plusieurs agents immobiliers. Il retiendra de leurs conversations une constante, le lien qui se crée entre acheteurs et professionnels, les premiers ayant très souvent tendance à se confier aux seconds, parfois comme s'ils étaient en consultation psy. En naîtront le motif central de Wahou ! :  ces duos dépareillés, aux rapports contradictoires mais aussi l'écriture des dialogues, jouant sur les arguments laudateurs des agents, vantant au maximum les qualités des biens immobiliers quand leur réalité est tout autre. 

De même il s'amusera a déstabiliser ses comédiens, les faisant passer de séquences dans une maison surchargée à celles dans un appartement neuf, vidé de tout accessoire, laissant les acteurs sans repères physiques. Ces deux décors naturels guidant la mise en scène, aux cadrages différents selon que les scènes soient tournées dans un lieu ou l'autre. Cette  dynamique a été renforcée par un temps de tournage et une économie réduits, Wahou ! ayant profité du report temporaire d'un autre film. Une méthode de travail inhabituelle pour Podalydès, qui ne l'aura pas empêché de s'y sentir comme chez lui. 

Je ne connaissais rien de l'intrigue, du coup je m'attendais à une critique des réseaux sociaux et autres technologies, un peu comme dans le précédent film de Podalydès. Au lieu de ça, c'est plus un film à sketch social qui rappelle un peu la trilogie Versaillaise. ...

Ceux qui lisent parfois mes critiques savent qu'il m'arrive assez souvent de reprocher à certains films d'être simplement "dans l'air du temps" au détriment de leur intrigue. Wahou ne fait pas exception, sauf que pour une fois la démarche est totalement volontaire et assumée, ...

Sur une veine toujours sensible et profondément fantaisiste, Bruno Podalydès propose une comédie humaine drôle et riche, revitalisante et joyeuse.Deux agents immobiliers( Karin Viard formidable et Bruno Podalydès touchant) se partagent les visites de biens entre Bougival et ...