UN PETIT FRÈRE

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Rose entend piloter sa vie en toute autonomie. Elle a quitté la Côte d’Ivoire avec les deux derniers de ses quatre fils. A Paris, elle a trouvé un emploi de femme de ménage dans un hôtel et elle veille sur les études de ses enfants. En matière d’amour, c’est elle qui choisit les hommes, pas l’inverse. 

Un petit frère commence en 1989 et va suivre Rose et ses fils pendant une trentaine d’années. Découpée en trois parties, Rose, Jean et Ernest, du nom des personnages, cette chronique adopte le point de vue de chacun d’eux au fil de leur évolution. Et comme dans toute histoire familiale, les moments de tendresse, le fous-rires partagés le disputent aux non-dits. 

« Qu’est-ce que ça veut dire être une famille? Être une mère, un fils ? Venir d’ailleurs et être français ? », telles sont quelques-unes des questions que Léonor Serraille aborde dans son deuxième long métrage. La réalisatrice, qui a obtenu la Caméra d’or à Cannes pour Jeune femme, explique qu’elle est passionnée par la place des gens d’origine sub-saharienne en France. Elle confie même : « c’est le sujet qui me tenait le plus aux tripes ».  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FATIMA (Une femme issue de l'immigration élève seule ses deux filles) ou encore LES FEMMES DU SQUARE (Ahmed Sylla et Annabelle Lengronne sont également à l'affiche de ce film).

Saga intime portée par un personnage féminin farouchement indépendant, Un petit frère déjoue les clichés et les poncifs par son approche singulière. Son portrait de « héros de l’intégration invisible et silencieuse » est avant tout un récit au plus près des êtres. Le récit fait défiler les années en s’attardant sur de petits moments du quotidien. Des instants privilégiés et précieux. « Certaines séquences sont des étapes fortes, déclare la cinéaste. Mais j’aime bien quand il ne se passe pas grand-chose, en apparence du moins. L’intérêt, c’était ces ponts invisibles entre les regards, les gestes, les silences, les émotions inconscientes qui en disent long, et qui toutes ensemble racontent un parcours. » 

Pour insuffler à son récit à la fois une dimension romanesque et une énergie vitale, pendant le tournage, la réalisatrice, avec son équipe, a laissé la porte ouverte à toute idée nouvelle. Tout était dûment préparé en amont mais sans que les choses soient « verrouillées ». Léonor Serraille  raconte : « parfois je décidais certaines choses très importantes la veille ou le matin même, mais ce suspens de tous les jours était crucial pour moi. Je serais incapable de tourner fidèlement un storyboard, j’ai besoin que ce soit un peu chaotique pour que cela ressemble à la vie que je trouve très chaotique ».  

Pour son interprétation de Rose, Annabelle Lengronne a été récompensée dans deux festivals, à Stockholm ainsi qu’aux Arcs. La comédienne  apporte force et légèreté à la fois à son personnage.  « Dès le premier essai, elle était déjà dans le film. Son point de vue, son regard étaient précieux, toujours justes », se souvient Leonor Serraille. Quant à Ahmed Sylla, l’interprète d’Ernest adulte, il apparaît ici dans un registre différent des comédies où il joue habituellement. « C’est quelqu’un d’une grande sensibilité, commente la réalisatrice, un acteur à la fois émotif et très technique, alors il s’est glissé dans le film avec beaucoup de finesse et de naturel. J’en ai été assez stupéfaite, je dois dire. Il n’a pas tant de scènes que cela, mais il a emmené le personnage plus loin que je ne l’espérais, de toute évidence. » 

Le nouveau film de Léonor Serraille, à qui l'on doit l'étonnant et explosif Jeune femme, présente plusieurs caractéristiques très intéressantes.Tout d'abord, il s'agit d'une des rares tentatives de raconter sur le temps long la destinée d'une femme ...

Après avoir remporté la Caméra d'or en 2017 pour Jeune femme, Léonor Serraille réalise son deuxième long-métrage. Une saga familiale à la fois tendre et engagée. Nous sommes à la fin des années 80, quand Rose arrive de Côte d'Ivoire avec deux de ses quatre enfants. ...

Le film est tout le contraire d'un discours, et pour autant il n'en est pas la négation. Il transforme un cas en récit, avec des personnages et une somme de présents. La scène du contrôle de police est aussi gratuite que le contrôle lui-même : elle survient au cours ...