PRISONERS

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Né en 1967 à Trois-Rivières au Québec, Denis Villeneuve est un réalisateur multirécompensé, déjà connu pour le singulier Un 32 août sur terre en 1998 et, en 2009, pour Polytechnique, qui mettait en scène le massacre d’étudiantes dans un campus de Montréal.

Repéré à cette occasion par Hollywood, il reçut le scénario de Prisoners, qu’il lut attentivement avant de le mettre de côté, le trouvant « remarquable » mais « trop dur ». C’était l’oeuvre d’un certain Aaron Guzikowski, à l’époque, employé dans une agence de pub. Ce n’est qu’après le tournage d’Incendies, qui sera, entre autres, nommé à l’Oscar et au César du meilleur film étranger, que Denis Villeneuve s’intéressera de nouveau à ce sombre thriller, « proche d’un western », dira-t-il plus tard et qui, en France, fut interdit aux moins de 12 ans.

Le jour de Thanksgiving, c'est-à-dire le quatrième jeudi de novembre, d’où cette ambiance constamment froide, humide et lugubre, Anna et Joy, deux adorables petites filles, disparaissent dans la banlieue de Boston, sans laisser le moindre indice. C’est l’inspecteur David Wayne Loki (Jake Gyllenhaal) qui mène l’enquête. Malheureusement, Keller, le papa d’Anna (Hugh Jackman), veut, lui aussi, mener l’enquête...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MYSTIC RIVER (2003) (A Boston, Katie (19 ans) a été assassinée. Deux policiers mènent l’enquête, mais le père de la victime veut faire justice lui-même.) ou encore TAKEN (2008) (Kim est un peu plus âgée qu’Anna mais pour son père, c’est la même douleur. En plus, lui, c’est un ancien des services secrets américains...).

Travaillant pour la première fois aux Etats-Unis, Denis Villeneuve s’y sentit très à son aise, malgré la lourde machine hollywoodienne et l’imposant budget du film. Très zen, il déclara : « Je n’ai rien à prouver, ce sont eux qui sont venus me chercher. » À propos de ses deux interprètes masculins, l’un et l’autre stars planétaires, il déclara : « Hugh Jackman impose le respect, non par son ego, mais par son talent et sa disponibilité. » Quand à Jake Gyllenhaal, le flic au léger tic nerveux et aux tatouages « mitchumiens », il le connaissait bien pour l’avoir déjà dirigé quelques mois plus tôt, aux côtés de Mélanie Laurent et d’Isabella Rossellini, dans Enemy, un autre thriller, hispano-canadien cette fois, dont la sortie avait été programmée six mois plus tard.

En France Prisoners sortit le 9 octobre 2013, le même jour que le film-événement du festival de Cannes, la Vie d’Adèle, ce qui ne l’empêcha pas de se classer, dès sa première semaine d’exploitation, à la troisième place du box office, réunissant ainsi public et critiques, le plus souvent très positives. On y parle, en effet, d’un « film noir au scénario tendu comme un arc. [...] Saisissant, poignant et suffocant [...] qui explore les zones le plus sombres de l’âme humaine ». Aux Etats-Unis, aussi, le film rencontra son public, « preuve qu’un drame sombre, difficile, exigeant – soit tout ce qui ne marche pas selon les décideurs –, peut avoir du succès », persiflera Hugh Jackman dans les colonnes du Nouvel Observateur.

Pourtant, le comédien avait hésité un an avant d’accepter ce rôle de père pour qui la douleur excuse tout. Non qu’il avait peur de chambouler son image de super-héros super-sexy mais, la préparation du film ayant duré relativement longtemps, plusieurs réalisateurs avaient été envisagés, notamment Bryan Singer et Antoine Fuqua. Quand Denis Villeneuve fut finalement engagé, c’est après avoir vu Incendies, sa dernière réalisation, que Jackman prit sa décision. Il ne la regretta pas, évoquant même dans plusieurs interviews, les félicitations qu’il reçut d’une de ses tantes, une Française cinéphile et thononaise – comprenez : qu’elle habite Thonon-les-bains en Haute-Savoie –, qui ne l’avait pas beaucoup apprécié dans X-Men et qui ne l’avait pas autant complimenté depuis son rôle de magicien dans le Prestige de Christopher Nolan !

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On peut parfois comprendre la singulière qualité d’un film à travers le concert de reproches qui lui sont faits. (parmi ceux-ci, le plus amusant consistait à reprocher à ses personnages de faire toujours la gueule. C’est vrai que quand votre fille de 6 ans se fait kidnapper, ...