N'IMPORTE QUI

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"C’est en faisant n’importe quoi que l’on devient n’importe qui". Derrière ce slogan tout droit échappé des brouillons de Jacques Séguéla se cache la philosophie de vie de Rémi Gaillard, héros du film qui suit. Un garçon sympathique et barjot, révélé par internet où il poste avec un succès certain des vidéos le mettant à chaque fois dans des situations où le ridicule le dispute à l’improbable. Cosmonaute sur un terrain de golf ou Pac-Man dans un supermarché font par exemple partie de ses exploits les plus célèbres sur le web...

Le souci, c’est que Rémi a une fiancée, Sandra, qui aimerait bien avoir une vie normale et le compagnon qui va avec. Un traitement médical à base de calmant va transformer le trublion et sage concessionnaire automobile mais on le sait : la vraie nature fini toujours pas se jouer des artifices...

N’importe qui n’aurait pu être qu’une pochade de plus mais vous allez le voir, le fait que le vrai Rémi Gaillard joue le rôle de Rémi Gaillard constitue une mise en abîme du personnage forcément plus intéressante qu’il n’y parait...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JACKASS (Un principe de base : des "exploits" délirants sur le Net, adaptés au cinéma. Attention les dégâts !) ou encore RIRE ET CHÂTIMENT (Difficile pour une femme de comique de trouver sa place auprès de personnalités aussi dévorantes... A moins d'exercer un chantage affectif !).

Des excuses. Voilà ce que Rémi Gaillard a présenté à son public à la suite de la sortie catastrophique de N’importe qui. Avec 130 000 entrées seulement, le film est bien sur un échec public, doublé selon l’humoriste d’une catastrophe industrielle au niveau de sa fabrication. Gaillard estime que la production l’a roulé dans un contrat inique et que toute l’équipe, (des acteurs aux techniciens), a été victime de cette malfaçon. Un geste et un aveu rares dans un milieu où l’on tait plutôt les accidents de parcours comme celui-ci.

Reste sur le fond un film qui tente une nouvelle fois, (mais donc sans succès on l’aura bien compris), de faire réussir l’atterrissage sur grand écran d’une vedette du petit. Ces dernières années, les "miss météo" de Canal + ont une à une envahi les écrans avec un charme et une efficacité certaine, de Louise Bourgoin à Charlotte Le Bon en passant par Pauline Lefèvre. Mais avant elles, d’autres célébrités de la télé ont essayé ce transfert pas toujours heureux. Pour une Virginie Efira et un Michael Youn, combien de Vincent Lagaf’, Patrick Sébastien ou Dorothée échoués aux marches du tapis rouge ? Le cas se repose c’est certain avec l’émergence des stars du net, dont Rémi Gaillard fait partie dans la vraie vie. Norman, Jérôme Niel ou Kyan Khojandi intéressent déjà les producteurs et se sont déjà illustrés dans plusieurs films, même si pour eux aussi le triomphe a été moins évident que sur le net.

Aux Etats Unis, le processus semble plus naturel et est franchement couronné de succès. Pensez par exemple à la troupe de Jackass dont s’inspire directement l’intrigue de N’importe qui. Johnny Knoxville et sa bande ont fait les beaux jours de MTV avant de devenir une franchise très rentable au cinéma dès 2002. Hors des USA, le phénomène est moindre mais cette tendance à se mettre en scène dans des situations ridicules et parfois dangereuses ramène à une tradition du spectacle qui n’est finalement pas si éloignée du Grand Guignol...

Il est clair que ce film n'est pas un chef d'oeuvre de cinéma, mais ça on s'en doutait un peu. En même temps, c'est pas ce qu'on recherche quand on choisit de regarder le film de Rémi Gaillard. Non, ce qu'on cherche, c'est de la légèreté et de la rigolade. Et on est servi! ...